Voyages, Daaras, boites de nuit… : Comment les Sénégalais passent leurs vacances

Après l’effort, le réconfort. Juillet, aout et parfois septembre font partie des mois les plus attendus des élèves, étudiants et travailleurs. Après quelques mois de durs labeurs, tout travailleur voudra s’accorder de petits moments de répit bien mérités. Pour mesurer la quintessence de ces jours censés être sans prise de tête, sans pression et surtout sans travail, Seneweb s’est rapproché de quelques Sénégalais  qui passent très différemment les vacances, d’après plusieurs témoignages.
 
Si, pour certains, les vacances sont vécues dans son vrai sens du mot, pour d’autres, cela ne signifie pas la fin des corvées.
 
Des vacances sous le soleil
 
Au Sénégal, le soleil est une chance, même si nombreuses sont les personnes qui ignorent son essence, mais ce n’est pas le cas du mari de Ndiémé. Cette dernière est une Sénégalaise vivant en France avec son mari et ses enfants. Pour elle, les vacances sont les meilleurs moments pour se retrouver en famille, mais pour son mari c’est bien plus que ça. « Mon mari est français, mais il aime beaucoup mon pays. À un moment donné, il voulait même que l’on vienne s’installer au Sénégal pour le soleil. Vous imaginez ! Il est amoureux de mon pays et dit souvent sur un air comique : ‘Si les gens d’ici sont aussi chaleureux, c’est grâce au soleil.’ Cela fait trois ans maintenant que dès que nos deux enfants prennent leurs vacances on vient y passer l’été. Nous avons une maison de vacances à Mbour. Nous profitons bien de l’espace, car en France on est concentré dans un appartement de 75m2 alors qu’ici les enfants profitent de la piscine, mon mari du soleil, de la plage et s’est même fait des potes avec qui il va à la pêche. Moi, de mon côté, je m’occupe de ma petite pépinière bio. On profite pleinement de nos vacances au Sénégal. C’est devenu un pèlerinage.
 Une vie de fêtard
 
Très loin de cette vie de campagnard, nous revoilà à Dakar, la capitale sénégalaise avec sa pollution, ses bouchons et sa popularité. Pourtant, cette vie plait amplement à Maguette dit Max. ce jeune homme à peine post-pubère venu du Saloum n’en a cure de « ces détails ». « Les bouchons, la pollution et autres ay deuxième la… ! Depuis que j’ai eu mon BFEM, je viens passer les vacances chez mon père. Il n’est plus avec ma mère de ce fait je passe les trois mois de vacances avec lui après 9 mois d’études. Moi tout ce qui m’importe c’est le « bégué » (la belle vie). Avec mes amis d’ici on aime louer des voitures et aller en boite. Il faut qu’on profite de notre jeunesse quand même et jamais sans les belles filles, se vante le jeune homme. Tout en ricanant, Max nous confie également ne sortir que la nuit, donc difficile pour lui d’apprécier ou non les rayons du soleil.
 
Des vacances lucratives
 
Dans une atmosphère très différente de celle des boites de nuit, nous nous rendons au rond-point Castor. Sous une chaleur caniculaire, Astou Sène, une jeune collégienne se faufile entre les véhicules pour écouler son stock d’eau en sachet, méticuleusement confié au vendeur de fruits à côté pour nous accorder quelques minutes de son précieux temps. La jeune fille qui vient de la banlieue est une élève. Elle vient passer ses vacances chez sa grande sœur qui est vendeuse de légumes au marché de Castor et qui lui a conseillé cette activité afin de gérer ses frais de la prochaine année scolaire. « Mon père est décédé l’année dernière et il est difficile pour ma mère de gérer toutes les charges de la maison. C’est ma grande sœur qui, grâce à son petit commerce, l’aide pour les factures et la ration alimentaire de la maison donc mes frais scolaires seraient de trop pour elle. Alors pour ne pas risquer d’arrêter l’école, je me suis conformée à sa recommandation de vendre de l’eau. Au début j’avais un peu honte de le faire, mais maintenant que mes bénéfices me permettront d’assurer mes charges et d’aider un peu ma mère je suis fière de moi. J’achète également de la friperie à revendre et ma mère m’aide dans cette tâche » confie l’adolescente qui ne regrette pas ces mois de vacances consacrés au « make money ».
 
 « Les vacances, c’est pour s’amuser ! « 
 
 C’est l’appréciation de Bébé Anna. Une petite fille de l’élémentaire. A la question comment passez-vous les vacances ? Cette petite fille de 8ans répond automatiquement que « les vacances, c’est pour s’amuser ». Accompagnée de son petit frère et de sa mère qui hélait un taxi, Bébé Anna, très enthousiaste nous fait savoir qu’elle passe de très belles vacances. D’ailleurs, les trois sortaient tout juste d’un parc d’attractions qui semble enchanter  la petite fille. Sa mère nous confie avoir programmé un weekend de tourisme vers les iles du Saloum. Je les amène souvent au cinéma, au parc ou à la piscine, mais dernièrement je me suis dit qu’il est temps qu’ils découvrent le Sénégal et ses richesses ».
 
Des vacances religieusement cadrées
 
C’est pratiquement dans la rue qu’Abdoulaye Baldé un garçon entre 7 ou 8 ans passent ses vacances. Depuis deux ans, le petit bonhomme a pour coutume de passer les trois mois de vacances au Daara. Entre aller quémander les repas de porte à porte, trainer dans la rue avec ses camarades talibés et surtout l’apprentissage du coran.  Ses parents joints au téléphone estiment que c’est la meilleure éducation qu’ils puissent offrir à leur fils. « Il doit apprendre la vie, car ici à la maison il ne manque de rien.  Pendant l’année scolaire, on est à ses soins et même au Daara on est souvent en contact avec son maitre coranique. En plus en tant que musulman nous avons l’obligation d’apprendre et d’enseigner à notre progéniture le Saint Coran. L’Islam nous exhorte à apprendre la religion musulmane dans sa globalité et c’est ce que nous faisons avec  Abdoulaye et Alhamdoullilah il va bientôt mémoriser le livre saint », laissent-ils savoir.
 
 9 mois d’études, 3 mois de travaux domestiques
 
Soukeyna (prénom d’emprunt) est une  élève qui  vient d’un village du Sud. Chaque fois que l’école ferme ses portes pour les grandes vacances, elle regagne Dakar à la recherche de travail d’aide-ménagère. C’est à Sacré-Cœur qu’elle a déposé sa valise chez les Diaw, ses nouveaux patrons. « C’est une voisine du village qui habite maintenant à Dakar qui m’a trouvé cette place (lieu de travail). Pendant les grandes vacances, c’est elle qui nous trouve, moi et d’autres filles du village un travail à Dakar. C’est vrai que les vacances c’est pour se reposer, mais nous on n’a pas d’autres choix que de travailler pour subvenir à nos besoins. En plus, il n’y’a rien de honteux dans cela, c’est un travail digne comme les autres », explique la domestique qui avoue que parfois le travail s’avère très fatigant en cette courte période de deux ou trois mois.
 
 Des congés de haut vol
 
Anita et Baye Zale eux préfèrent passer l’été en France. Ce jeune couple qui a fêté 2 années de mariage préfère prendre les airs pour 21 jours hors du pays. « On s’est arrangé mon mari et moi pour prendre nos jours de congés en même temps et pendant l’été spécialement. On ne voulait pas être sous l’emprise de la routine quotidienne. En plus, c’est bien de changer de temps en temps d’environnement. Je pense que cela va participer à notre bien-être et au bien-être de notre couple également. 

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