Le principe éthique ayant disqualifié un candidat ne doit épargner aucun autre prétendant (Par Abdou Lahad Diakhaté)

[..Et si nous mettions, tous, la même dose de rigueur, les mêmes exigences  pour enfin élire, un cinquième Président de la République, que nous serions prêt à assumer.. Et non vouloir le récuser au lendemain de son installation,  faisant ainsi valoir en nous un raccourci intentionnel ou encore un simple repoussoir visant à soulager notre inconfort moral. Celui d’un citoyen sous l’étreinte du sentiment de n’avoir pas joué sa partition dans la marche harmonieuse du pays et en faveur de la vitalité de sa démocratie.]
 
Respecter sa parole donnée, une décision à la fois novatrice et de haute portée historique, car dorénavant le principe du respect de la parole donnée rentre dans les mœurs politiques du Sénégal. Le Président Macky Sall a qui l’opinion attribuait déjà le mérite d’avoir remis du jus dans le moteur depuis son accession à la magistrature suprême à travers de grands projets sur le chemin de l’émergence vient de conforter le rejet populaire du «wakh wakhete». C’est dire que le respect des promesses faites aux électeurs durant la campagne électorale est devenu une des composantes essentielles et non négociables du contrat démocratique qui lie élus et électeurs. S’il ne peut pas toujours être effectif en temps, en globalité, voire en qualité, la réalisation des engagements formant le programme électoral doit rester l’objectif premier d’un « mandat représentatif » de notre système démocratique. La légitimité et la pérennité de la démocratie en dépendent. En revanche, je reste persuadé que l’on ne pourrait s’arrêter en si bon chemin, poussons d’avantage l’actuel locataire du Palais de la République  à parachever son œuvre. En effet, au moment où le secrétariat exécutif national de l’Alliance pour la République vient de lui donne carte blanche pour le choix de leur candidat à la présidentielle de 2024,  notre démocratie se verrait attribuer des points de prestige au classement de l’indice de démocratie si le Président, non candidat en 2024, se décidait de renvoyer tous les candidats à la candidature  de sa propre formation politique vers le passage obligatoire des élections primaires. Il aura dans ce cas, installé définitivement son œuvre au panthéon des grandes œuvres démocratiques.
 
Déconstruisons ces vieux schémas, qui inhibent nos cerveaux, dans ce contexte de bouillonnement militantisme. Chacun se refusant une analyse objective, froide, indulgente, pondérée, des situations s’opposant à la marche du pays, la passion militantisme ayant eu raison du consensus attendu des nombreuses tentatives de dialogue. Des complexes qui ne trouvent de repères qu’à travers nos lacunes, poussant certains à disqualifier le messager pour ne pas avoir à discuter du message proprement dit.. Un tel principe ne vise manifestement ni à faire l’approbation d’une certaine chose, ni à faire la réprobation d’une autre chose, mais plutôt par simple désir de tourner à la dérision une situation sur le débat politique interne. La recherche de la vérité devient du coup moins importante que le fait de faire triompher sa vision de la vérité. Alors dans ces travers plus qu’inquiétant, mon modeste souhait pour la jeunesse de mon pays est de garder à l’esprit  qu’à l’heure de la reddition des comptes, chaque génération sera questionnée non pas sur sa capacité d’étonnement mais plutôt sur les responsabilités qu’elle aura eu l’intelligence d’appréhender tout en se donnant les moyens de les assumer dans le temps. Poussons donc, nos leaders à donner le meilleur d’eux-mêmes en restant critique mais bienveillant à leur égard. 
 
La vérité c’est qu’à un moment donné, il y’a une sorte de contre nation qui est entrain de s’installer.  En réalité, pour mieux comprendre, il faut remonter le temps depuis l’accession de notre pays à la souveraineté pour voir défiler jusqu’à nos jours les séquences politiques, des oppositions les plus sévères, au plus remarquables accointances entre acteurs politiques mais surtout les générations de pratiquants de l’idéologie politique. Là nous voyons que beaucoup de choses se sont passées, pouvant nécessairement expliquer certains angles morts qui ralentissent les aspirations démocratiques de notre pays.  Le Philosophie italien gramchi disait, déjà en 1920 « Lorsque le vieux monde se meurt et que le nouveau monde tarde à apparaître dans ce clair-obscur surgissent les monstres ». Le triste constat est que la fin du cycle de la première génération des hommes politiques n’a pas été anticipé alors que l’arrivée aux affaires de la jeune génération, parfois par infraction, n’a pas été préparée. Difficile de se comprendre dans un tel désordre de perspective.
 
Rebooter le système, au moment où Tout est bouleversé sous nos yeux provoquant son lot de déséquilibre, de désarroi et de déstabilisation social. Un environnement à la fois challenging et inquiétant, caractérisé d’une part,  par une hiérarchie sociale modifiée assortie d’une forte propension à transgresser l’ordre établi. Les Crises, qu’elles soient exogènes ou  endogènes ont tendance aujourd’hui à détenir une part des explications possibles aux problématiques crochues que traverse notre époque. Une situation qui met a nu ce qu’est devenue la société sénégalaise d’aujourd’hui, des frustrations qui cachent des schémas familiaux déstructurés, souvent des familles monoparentales caractéristiques d’une profonde crise de l’autorité et exacerbée par une démission coupable des parents. D’autre part, la place des réseaux sociaux dans une sorte d’émulation sans fin, d’un mimétisme du «ouaw» ou d’un phénomène de contagion entraînant au quotidien un Ouragan perpétuel de la violence: physique morale et verbale.
 
 Le pire à craindre, d’ailleurs notre pays en a vécu quelques unes des plus redoutables respirations lors des émeutes entre mars 2021 et mai 2023, c’est la rencontre entre d’une part cette volonté de belligérance accentuée à l’aune des facteurs de stresse que dénonce une jeunesse désœuvrée ou mal écoutée et d’autre part ce que d’aucuns appellent le cynisme d’un état attaché à des principes Républicains et qui dans aucun cas ne saurait perdre la face. Un état redoutable, tel un animal au sang froid ne laissant jamais ses émotions dominer ses réflexions, un esprit ouvert mais armé d’une main ferme comme diraient d’autres. Sommes toutes, quelque puisse être la profondeur de nos désaccords, même face à un état qualifié de policier, nous devrions le préférer à l’anarchie qui découlerait d’une absence de responsabilité dans le maintien du minimum de « désordre acceptable ». Que deviendrait notre société sans tous ces mécanismes d’arbitrage, de médiation et de régulation qui malgré tout, en ont fait aujourd’hui un exemple confirmé partout à travers l’Afrique.  Il est évident que, laissés à nous mêmes, jamais nous ne pourrons converger car les individus étant différents, l’intérêt général ne pouvant donner lieu qu’à des points de vue différents.
 
Changer de voilure, reprendre cap sur les véritables promesses Républicaines, en se sens qu’aucune forteresse n’est imprenable. Nous aurons au moins, remarqués que le navire venait de tanguer dangereusement, au moins à deux reprises. Il nous faut dès lors, prendre garde d’adapter notre modèle de gouvernance au complexités du moment au travers de réformes visant une meilleure résilience du cadre juridique et institutionnel. Au plan social, réconcilier la jeunesse des banlieues (où les gens se marchent dessus) avec une certaine élite jugée affairiste et accorder plus d’intérêt aux indicateurs sociaux. C’est uniquement ainsi que nous parviendrons à garder le cap sur la voie du progrès fixée sans se laisser distraire par les aléas de la compétition ou du quotidien. Il faudra des plages de consensus fortes, immuables et respectées de tous. Enfin l’heure est arrivée que nous ayons le courage de réfléchir ensemble sur le Sénégal du devenir, de penser un pays, un projet de société.
Abdou Lahad Diakhate 
Responsable Mouvement Politique 
YESSLU JËM ÇA KANAM

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