540 millions détournés au CMS : les révélations explosives de l’enquête

La Section de recherches (SR) de Colobane a bouclé l’enquête sur le scandale des 540 millions de francs CFA qui secoue le Crédit mutuel du Sénégal (CMS). Suivant la réquisition du parquet, le juge chargé du dossier a ouvert une information judiciaire qui a abouti au placement sous mandat de dépôt de la mise principale, la femme d’affaires A. Kounta, et ses complices, les agents du CMS M. Sagna, S. Ndour et R. Ngom, et le bijoutier El Hadji A. Guissé.

L’enquête de la gendarmerie, reprise par Libération dans son édition de ce lundi, est formelle : «Il ressort des investigations que les nommés A. Kounta, El Hadji A. Guissé, M. Sagna, S. Ndour et R. Ngom ont agi de concert pour monter des dossiers de crédits établis aux noms de différentes personnes pour le compte de madame A. Kounta. Le préjudice est estimé à un montant global de 540 millions francs CFA pour 111 dossiers de crédits à raison de 5 millions l’unité.»

Le mode opératoire consacrait une répartition des tâches précise. A. Kounta, la principale accusée, recrutait les faux demandeurs de crédits. Les enquêteurs ont découvert que contre leur accord, ces derniers recevaient chacun 200 000 francs CFA. Agent de crédit au CMS, M. Sagna prenait le relais, selon la gendarmerie, en se chargeant de la constitution et du traitement, en toute vitesse, des dossiers.

Cette étape franchie, entre en scène S. Ndour, responsable des gages du CMS. Pour les types de crédits en question, l’institution financière réclamait des bijoux en or comme garantie. Ndour contresignait le bordereau des gages établi par le bijoutier El Hadji A. Guissé, chargé d’expertiser les bijoux déposés. Et au bout de la chaîne intervient le chef d’agence R. Ngom, qui autorise la mise en place des crédits.

Le paiement effectué, le bénéficiaire fictif du crédit récupère les fonds et les remet à M. Sagna.

D’après la SR, l’agent de crédit avait, en aval, un autre rôle prépondérant. L’enquête dit qu’il se chargeait aussi de retarder les échéances de paiement et parfois, pour ne pas éveiller des soupçons, ponctionnait une partie des montants frauduleusement encaissés pour régler des échéances de remboursement. «Un montant de 55 millions 839 mille 300 francs CFA a pu ainsi être injecté sur un total de 555 millions de francs CFA», soulignent les enquêteurs.

Une affaire dans l’affaire : les bijoux mis en gage pour les 111 dossiers de crédits seraient en toc, d’après l’enquête de la gendarmerie. Ce que conteste A. Kounta, qui affirme avoir déposé de l’or authentique.

«Pourtant, répliquent les gendarmes, avant l’ouverture des enveloppes aux fins d’une nouvelle évaluation par le service régional des mines et de la géologie de Dakar, madame Kounta et le bijoutier ont confirmé qu’il s’agit bien de leurs scellés et qu’ils sont intacts. Ne pas reconnaître les bijoux parce qu’ils sont testés négatifs, relève de la mauvaise foi. L’implication de la dame est d’autant plus manifeste qu’elle n’est pas capable de justifier la provenance de l’or qu’elle prétend avoir mis en gage pour ses 111 prête-noms. À noter que le poids total de l’or prétendument gagé tourne autour de 18,7 kg.»

Même s’ils jurent, selon la SR, «n’avoir pas bénéficié de largesses ni avoir reçu de pots de vin de la part de madame A. Kounta, malgré les énormes risques qu’ils ont pris pour lui faciliter son activité délictuelle», les agents du CMS mis en cause devront probablement répondre devant un tribunal des accusations portées contre eux. Au même titre que la principale prévenue et le bijoutier Guissé.

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