Un chauffeur de car scolaire licencié pour avoir déposé les enfants devant chez eux ?

Un chauffeur de car scolaire peut-il s’arrêter devant le domicile d’une collégienne pour lui éviter de descendre et de marcher le long d’une route dangereuse ? La réponse n’est pas évidente pour tout le monde. Damien Tabard, chauffeur de car scolaire depuis dix-sept ans dans le Limousin, a été licencié par son entreprise, Europ Voyage. En cause ? Des arrêts dits «sauvages». L’ancien agriculteur considère de son côté qu’il est de son devoir moral de protéger les enfants en ne s’arrêtant pas toujours à l’arrêt prévu si celui-ci n’est pas adapté.

Selon le gérant de l’entreprise, contacté par Europe 1, le chauffeur a bien été mis en demeure de ne plus faire ces «arrêts sauvages». «Quand je lui ai demandé de ne plus ramener les enfants chez eux, il m’a insulté. Il n’a pas respecté le lien de subordination», se justifie Maxime Trossat, le gérant de l’entreprise, contacté par Europe 1.

Damien Tabard a décidé de contester son licenciement aux prud’hommes. «Dans mes tournées, il n’y a pas de trottoir, il n’y a pas d’éclairage, les parents considèrent que ça peut être tout à fait dangereux aussi, donc les arrêts sauvages sont monnaie courante ! C’est une question citoyenne de la part des conducteurs et conductrices», explique-t-il au micro de France 3 Nouvelle-Aquitaine.

 

Le journal le Populaire du Centre pointe que le secteur du chauffeur, en Haute-Vienne, est «rural à l’habitat dispersé», avec des circuits scolaires qui «ont visiblement du mal à s’aligner sur les besoins». Un cas précis a mis le feu aux poudres. Une collégienne de la commune de Billanges dont la maison se trouve sur le trajet du bus mais à 650 mètres de l’arrêt le plus proche. 650 mètres en «bord de route en rase campagne, sans trottoir, sans éclairage, sans marquage, sur un axe très fréquenté avec virages et problèmes de visibilité», explique le journal.

La mère de la collégienne avait signalé le problème mais l’arrêt de bus n’a pas été déplacé. Le chauffeur, lui, a accepté de modifier ses arrêts. «Mais ça me fait de la peine de laisser des enfants que j’aimais bien. Je voulais qu’ils soient en sécurité. C’est difficile de laisser un enfant seul sur la route», justifie-t-il dans le journal régional.

Le chauffeur est soutenu par les habitants de Billanges ainsi que par son maire. «Ce n’est pas normal qu’un chauffeur soit licencié pour ce motif»explique l’un d’eux à France Bleu. La région Nouvelle Aquitaine se dit prête à réétudier les trajets.

France Bleu relève une belle ironie dans cette triste histoire. Le nouveau chauffeur recruté ne connaissant pas le parcours, ce sont les collégiens qui lui indiquent les arrêts. Il s’arrête donc devant chez eux, comme son prédécesseur.

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