L’Union africaine annonce l’organisation d’une conférence de réconciliation nationale sur la Libye
« Nous avons réuni les différentes parties et nous sommes en train de travailler avec eux sur la date et le lieu de la conférence nationale » sur la Libye qui se tiendra « sous l’égide du comité de haut niveau de l’Union africaine », présidé par le chef de l’Etat congolais Denis Sassou-Nguesso, a déclaré à l’AFP Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’UA.
La Libye est plongée dans une crise politique majeure depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Le pays est miné par les divisions entre l’Est et l’Ouest et par les ingérences étrangères. Deux gouvernements rivaux se disputent aujourd’hui le pouvoir, l’un installé à Tripoli – et reconnu par l’ONU –, l’autre à Syrte (centre). L’Est et une partie du Sud sont contrôlés de facto par le maréchal Khalifa Haftar.
« Une réunion préparatoire a eu lieu il y a quelques semaines à Tripoli », la capitale libyenne, a affirmé M. Faki, avant de conclure : « Le départ des mercenaires a été demandé, (…) il faut nécessairement que les Libyens se parlent, je crois que c’est une condition préalable pour aller à des élections dans un pays apaisé ».
L’UA, qui a conclu dimanche son sommet annuel à Addis-Abeba, siège de l’organisation continentale, a réaffirmé sa « tolérance zéro » face aux « changements anticonstitutionnels » de gouvernement et a maintenu la suspension de ses rangs du Burkina Faso, du Mali, de la Guinée et du Soudan. Le Mali, la Guinée et le Soudan avaient été suspendus par l’Union africaine en 2021, le Burkina Faso un an plus tard, après la prise de pouvoir par des militaires.
La démocratie doit être « protégée » et « s’enraciner », et l’Union africaine « demeure intransigeante contre toute accession non démocratique au pouvoir », a martelé Bankole Adeoye, le commissaire de l’UA aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité. Le sommet a également été marqué samedi par l’expulsion d’une diplomate israélienne, l’Etat hébreu accusant l’Iran d’être derrière cette « grave » mesure avec la complicité de l’Algérie et de l’Afrique du Sud.
Les dirigeants africains ont également annoncé l’objectif d’accélérer la mise en place de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLEC), qui doit réunir 1,3 milliard de personnes. Tous les pays de l’UA y ont adhéré, à l’exception de l’Erythrée, mais les discussions achoppent sur le calendrier des réductions des droits de douane, notamment pour les pays les moins développés.
La tâche à venir est « ambitieuse mais elle est atteignable », a affirmé Azali Assoumani, président des Comores, petit archipel de l’océan Indien de quelque 850 000 habitants, qui a pris la présidence tournante de l’UA à la suite de Macky Sall, le chef de l’Etat sénégalais. Moussa Faki Mahamat a affirmé que cet accord était « stratégique », tout en pointant du doigt les défis, sur un continent où 600 millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité.
Samedi, devant l’assemblée plénière du sommet, le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a dénoncé un système financier international « dysfonctionnel et injuste » qui voit les pays africains emprunter de l’argent à des taux d’intérêt « exorbitants ».
Pour M. Guterres, l’Afrique est confrontée « à des défis énormes (…) sur à peu près tous les fronts », subissant les conséquences de crises pour lesquelles elle n’est en rien responsable. Antonio Guterres a également annoncé que le Fonds central d’intervention pour les urgences humanitaires (CERF) allait débloquer 250 millions de dollars pour venir en aide aux populations qui ont besoin d’une aide humanitaire.