Inondations à Dakar : Un rapport révèle 3 546 cas d’occupation de voies naturelles de drainage d’eaux pluviales et de zones basses
Tous les départements de Dakar ont recensés
La commission régionale, qui a été mise en place par le Gouverneur de Dakar, avait pour objectif principal d’effectuer les opérations de recensement demandées par le ministre de l’Eau et de l’Assainissement et produire un rapport de situation contenant des propositions de solutions. Plus spécifiquement, il s’agit de recenser les cas d’occupation des zones humides, des voies naturelles de drainage des eaux pluviales et des emprises des ouvrages de protection contre les inondations ; d’identifier la nature des titres d’occupation ; et de formuler des recommandations afin d’aider à la prise de décision pour des solutions durables.
A ce titre, elle a orienté ses travaux dans un premier temps au niveau des départements de Keur Massar et Rufisque, devenus au fil des années l’épicentre des inondations car constituant les seules réserves foncières de la région de Dakar. Elle s’est aussi focalisée sur les emprises du canal de la commune de Ouakam, qui jouent un rôle important dans l’évacuation des eaux pluviales dans le département de Dakar.
Dans le département de Guédiawaye, la commission a prêté une attention particulière aux espaces libérés dans le cadre de la lutte contre les inondations. Elle s’est également intéressée au département de Pikine, notamment au bassin versant du marigot de Mbao, de la zone franche industrielle et certains autour du Tally Mame Diarra.
3 546 cas d’occupation de voies naturelles de drainage d’eaux pluviales et de zones basses recensés dont 1349 bâtiments construits
Ce travail mené dans les 5 départements de Dakar a permis à la commission régionale de recenser 3 546 cas d’occupation de voies naturelles de drainage d’eaux pluviales et de zones basses dans la région dont 1349 bâtiments construits, 905 bâtiments en construction, 1234 parcelles dont 729 titres fonciers, 56 champs, et 2 lotissements non identifiés.
Selon M. Madické Cissé, directeur de la prévention et de la gestion des inondations, qui a présenté le rapport, les sites occupés représentent pour l’essentiel des lacs (Diamalaye, Thiouroute, Mbeubeuss), des voies d’eaux naturelles et des canaux (canal de Ouakam), entre autres.
« Les résultats renseignent à suffisance sur l’ampleur des dégâts »
Face à cette situation, le ministre de l’Eau et de l’Assainissement a soutenu que la récurrence de ces actes impactent négativement les investissements de l’Etat en matière de lutte contre les inondations. Et les résultats issus de ce recensement renseignent à suffisance sur l’ampleur des dégâts dans la région.
Serigne Mbaye Thiam renseigne que les solutions à mettre en œuvre devront, pour être durables, impliquer « le strict respect de tous les textes relatifs à la gestion foncière et à l’occupation du sol ». « En tout état de cause, la restauration des zones basses et voies naturelles d’eaux pluviales constitue un impératif de résilience durable aux inondations, quels que soient les coûts y afférents à court terme, car cette option est, sur le long terme, plus efficient que celle du pompage continu », estime l’autorité étatique. Avant de signaler que le document fera l’objet d’une exploitation minutieuse avant d’être validé par le Gouvernement, avec, en commentaire, un certain nombre de points d’attention et de propositions de mesures correctives et préventives.
Dix recommandations formulées
Toutefois, le ministre n’a pas manqué de formuler des recommandations. Il s’agit de « poursuivre les efforts de restructuration urbaine et d’aménagement des zones d’inondation, mais surtout veiller à la libération, à la restauration et à la préservation des zones basses et des voies et exutoires naturels des eaux pluviales ». Il s’agira concrètement de : déclarer non aedificandi les voies de drainage des eaux pluviales et les zones humides et prendre les mesures de sauvegarde pour empêcher toute occupation ; mettre en place des commissions départementales d’évaluation des impenses afin de déterminer la valeur des titres d’occupation impactés et les modalités de retrait desdits titres si nécessaire ; libérer les exutoires naturels présentement occupés (mares, lacs, cours, bassins, etc.) pour un drainage correct des eaux de ruissellement ; et reprofiler le lit des plans d’eau et des ouvrages de drainage notamment le canal de Ouakam et le Canal du Lac Thiourour pour permettre à l’eau de s’évacuer normalement.
Il a recommandé également de « doter les collectivités territoriales de documents de planification spatiale, notamment de plans et schémas directeurs d’aménagement et d’urbanisme opposables au tiers ; de veiller au strict respect des plans d’aménagement et d’urbanisme dans les opérations de lotissements des communes afin de prévenir les risques d’inondation ; d’impliquer les autorités administratives déconcentrées et territoriales dans les travaux de la commission de contrôle des opérations domaniales et de la commission chargée de l’instruction des demandes d’autorisation de lotissement ; de mise en place d’un observatoire de veille sur les zones inondables et les voies naturelles de drainage des eaux pluviales ; de rendre disponible pour les administrations, les collectivités territoriales et le grand public le MNT ; de préserver et sécuriser les zones libérées et à libérer par notamment une requalification à partir de solutions basées sur la nature ; de libérer le lac devant le village de Niagua et préserver les zones de servitude des lacs ; de demander aux maires de veiller et d’assurer la sécurité des bassins ; et enfin, d’informer sur le rapport en organisant des CLD de présentation et de restitution du MNT et du rapport avec tous les acteurs à la base et démultiplier le rapport et le mettre à la disposition de tous les services de l’Etat concernés.
La rencontre a également noté la présence du Directeur général de l’Office national de l’assainissement du Sénégal, Mamadou Mamour Diallo, du Secrétaire général du Ministère de l’Eau et de l’Assainissement; les préfets des cinq départements de Dakar ; les sous-préfets d’arrondissement ; les maires des communes concernées; des directeurs nationaux ; des directeurs généraux, entre autres.