Le discours de Joe Biden à la COP 27 était attendu ce vendredi, avec l’espoir d’engagements supplémentaires de la part des Etats-Unis. Arrivé en Egypte à bord de l’avion présidentiel Air Force One, le président américain fait une brève escale à la conférence de l’ONU sur le climat. «La crise climatique concerne la sécurité humaine, la sécurité économique, la sécurité environnementale, la sécurité nationale et la vie même de la planète», a débuté Joe Biden, avant de présenter ses excuses pour le retrait de son pays de l’Accord de Paris sous l’ère Trump. Cela est depuis réparé.
Dans son discours, le Président n’a pas lésiné sur l’autosatisfaction. «Cet été, le Congrès américain a adopté la loi sur le climat la plus importante et la plus importante de l’histoire de notre pays, la loi sur la réduction de l’inflation», a-t-il dit en référence aux 370 milliards de dollars débloqués, le plus gros chèque pour l’environnement jamais signé aux Etats-Unis.
«J’ai présenté le premier projet de loi sur le climat au Sénat américain en 1986, et mon engagement sur cette question a été inébranlable. Aujourd’hui, je peux me présenter en tant que président des États-Unis et dire avec confiance que nous atteindrons nos objectifs de réduction des émissions d’ici 2030», a-t-il assuré. Le pays vise une réduction de 50 à 52 % ses émissions d’ici 2030, par rapport à 2005.
Plus d’argent pour l’adaptation
Joe Biden a surtout annoncé doubler ses financements pour l’adaptation des pays pauvres au changement climatique. Les Etats-Unis vont débloquer une enveloppe de 100 millions de dollars et 150 millions de dollars vont aussi aller spécifiquement à l’adaptation de l’Afrique «pour les systèmes d’alerte précoce en Afrique, pour le renforcement de la sécurité alimentaire et le soutien d’un nouveau centre de formation en Égypte pour la transition vers les énergies renouvelables à travers le continent».
«La science est d’une clarté dévastatrice, nous devons faire des progrès vitaux d’ici la fin de cette décennie», a-t-il insisté, ajoutant : «réduire le méthane d’au moins 30 % d’ici 2030 peut être notre meilleure chance de rester à la portée de l’objectif de 1,5 °C». Il a ainsi annoncé renforcement la réglementation de l’EPA, l’agence de protection de l’environnement des États-Unis, sur le méthane dans le secteur pétrolier et gazier.
Joe Biden a insisté sur la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, appelant les autres gros émetteurs à en faire autant. «Si nous voulons gagner ce combat, nous ne pouvons plus plaider l’ignorance des conséquences des actions et répéter nos erreurs», a-t-il déclaré. «Nous pouvons atteindre notre but», a-t-il clamé, «mais pour courber définitivement la courbe des émissions, chaque nation doit intensifier ses efforts. Les États-Unis ont agi, tout le monde doit agir, c’est un devoir et une responsabilité du leadership mondial.»
Sur ce point, les vives tensions entre la Chine et les Etats-Unis, respectivement premier et deuxième émetteur mondial – inquiètent. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, les avait appelés lundi en ouverture de la COP à assumer leur «responsabilité particulière». Le président chinois Xi Jinping n’a pas fait le voyage de Charm el-Cheikh, mais les deux hommes se rencontreront lundi à Bali, en Indonésie, en marge du sommet du G20.
Pas un mot pour les «pertes et dommages»
Le temps presse en effet alors que les émissions de gaz à effet de serre issus de la combustion d’énergies fossiles, dont les Etats-Unis sont le premier producteur et consommateur mondial, ont à nouveau atteint des records en 2022, selon un rapport de référence publié ce vendredi.
Alors que les catastrophes climatiques – sécheresses affectant les récoltes, canicules, méga-feux, inondations – se multiplient à travers le monde, les pays les plus touchés réclament désormais des fonds pour les «pertes et dommages» subis. L’émissaire spécial américain pour le climat, John Kerry, a voulu enjamber la question en assurant mercredi à la COP qu’«aucun gouvernement au monde n’a l’argent» pour mettre sur la table les «milliards» nécessaires, et qu’il faudrait donc trouver des moyens d’enrôler le secteur privé. Joe Biden a aussi soigneusement évité le sujet lors de son discours.