[Tranche de vie] Mourtalla Ndiaye, cuisinier: Chronique d’une success story

La passion demande une bonne dose d’audace, une pincée de motivation, un soupçon de courage et le tout saupoudré d’un bon coup de pouce du destin. Ce sont les ingrédients du succès de Mourtalla Ndiaye. En l’espace d’un mois, il est passé d’un passionné de cuisine anonyme à celui dont il faut goûter les plats à tout prix grâce à la magie du clic.
 
A Ouest-Foire, au niveau du «Tally Wally», une gargote passe presque inaperçue. Il faut revenir sur ses pas pour voir le restaurant niché dans une impasse. Ici, l’odeur du «mbaxalou saloum» qui est au menu du jour titille les narines. Certains clients sont en pleine dégustation. Derrière les fourneaux ou plutôt derrière les bols, un homme gère le service. La taille moyenne, le tablier et la toque renseignent sur le statut de l’homme au style «baye lahad». Les mains gantées, il essaie de  répondre à cette forte demande. Il est 14h et son lieu de commerce ne désemplit pas. Des livreurs font d’innombrables va-et-vient. 
 
Mourtalla Ndiaye ou chef Talla pour les intimes est connu de tous. Sa popularité dépasse même le quartier d’Ouest Foire. Point E, Petit Mbao, Mamelles ou encore Ouakam, les commandes affluent pour ce jeune de 24 ans. Les plats sont déjà prêts à livrer. Le cuistot ne fait qu’assurer le service. Certains clients n’hésitent pas à lui filer un coup de main tandis que d’autres s’attaquent déjà au repas.
 
Deux tables et deux bancs font office de décor. Assis dans un coin de la gargote, Mamadou Lamine Souaré est venu goûter aux spécialités du chef Talla. «C’est la première fois que je viens chez le chef Talla. Je l’ai connu via l’influenceur Griff et j’avoue qu’il cuisine bien», affirme ce dernier jetant un coup d’œil au cuistot. 
 
Le téléphone de chef Talla ne cesse de sonner. La magie des réseaux sociaux est passée par là. Une simple publication sur Snapchat a suffi à donner un coup de fouet à son business. Sur TikTok, le cuisinier a plus de 40.000 abonnés. 
 
Snapchat et Tiktok, des ingrédients indispensables
 
Les réseaux sociaux ont ce pouvoir de donner un coup de pouce à un business grâce au marketing digital devenu incontournable. Mourtalla Ndiaye est bien placé pour le savoir. Le tenancier d’une gargote n’a pas eu  besoin du bouche à oreille. Il a juste suffi d’une rencontre avec Griff Diouf. L’influenceur et le chef sont rapidement devenus des amis. Le cuistot a parlé à Griff de son souhait de démarrer son business. «C’est ainsi qu’il a pris une vidéo de moi qui a atterri sur  son compte Snapchat», raconte chef Talla. En moins de 30mn, le cuistot arrive à écouler ses plats vendus à 1500fcfa. «Depuis ce jour, le affaires marchent très bien», dit-il reconnaissant. Mourtalla affirme que sa vie a changé grâce à  Griff. Au fil du temps, l’influenceur et le cuisinier sont devenus des amis, des frères et même des partenaires. «C’est lui qui m’a ouvert un compte TikTok où je partage chaque jour mes plats du jour», explique celui qui compte plus de 40.000 abonnés.
 
«J’ai senti qu’il était très motivé et j’ai voulu lui filer un coup de main», affirme Griff Diouf. Ce dernier voit en Talla un travailleur, un homme drôle, souriant, pieux et généreux. «C’est quelqu’un  qui aime venir en aide à ses proches. Il est très attaché à sa mère. Il lui envoie chaque jour de l’argent», confie-t-il. 
 
Sa mère comme source d’inspiration
 
«C’est ma mère qui m’a transmis cet amour de la cuisine», avoue chef Talla. Le jeune de 24 ans est né dans une famille où il a dû très vite assurer le rôle d’ainé. Son père décédé, un frère aîné parti tenter sa chance et une sœur aînée mariée, il s’est retrouvé seul à aider sa mère et ses frères, des jumeaux. «Je ne pouvais rester les bras croisés en voyant ma mère se démener pour prendre soin de nous. J’ai donc décidé de lui alléger ce fardeau », confie-t-il. En classe de sixième, il finit par abandonner ses études pour aider sa maman. Le matin, le petit garçon  se lève très tôt, met un des jumeaux sur son dos et va  au marché pour les courses. « Je n’avais aucun  complexe car je ne voulais qu’aider ma mère», narre-t-il. De retour au marché, le jeune Talla  prend le temps d’observer sa mère en cuisine. Curieux de nature, il retient très vite les étapes pour concocter de bons plats. «J’ai retenu les étapes au bout de quinze jours et il m’arrivait de cuisiner à la maison», révèle l’homme de 24 ans. 
 
Chasser la passion, il revient au galop !
 
Mourtalla ne va pas tout de suite devenir cuisinier. Il va surfer de boulot en boulot avant de suivre sa passion. Le Diourbélois commence par son atelier de couture en 2012, travaille dans une blanchisserie avant de finir comme cuisinier dans un restaurant. «C’est là où j’ai appris d’autres spécialités comme la cuisine africaine et européenne», explique le cuisinier. Après quelques temps de réflexion, Mourtalla Ndiaye décide de monter son propre business.
 
Sans complexe et avec fierté 
 
Chef Talla se lève chaque jour à 5h du matin. Après sa prière, il se met en route pour le marché de Castors. Le cuistot achète légumes, condiments et autres pour le menu du jour. C’est sans complexe et avec beaucoup d’assurance qu’il s’adresse aux marchands. Avec le temps, l’homme de 24 ans a su faire fi des regards appuyés et autres préjugés. «Je n’ai aucune honte car je ne suis pas le premier cuisinier. Il y a de grands chefs dans les hôtels», affirme-t-il, sûr de lui. Le cuistot déclare éprouver du plaisir à faire sa passion. Il est convaincu que rien ne s’acquiert sans labeur ni épreuves. «Je suis fier de mon métier», avoue-t-il. Ce dernier dit prendre exemple sur Cheikh Ibra Fall. Le jeune homme cultive ainsi le partage, l’humilité, la générosité au quotidien à travers sa profession. 
 
«Je souhaite ouvrir une chaîne de restaurants. Je veux vraiment réaliser cela car j’adore ce que je fais et surtout donner à manger aux autres en bon mouride», dit-il rempli d’ambition. 

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