Siré Sy : ‘’Sonko a gagné la bataille médiatique mais pas encore la bataille politique’’
Alors que le leader de PASTEF entame son Nemeku Tour, Seneweb entame une série d’entretiens pour décrypter le phénomène Sonko. Premier à se lancer, Siré Sy enseignant-chercheur en sciences politiques et chroniqueur sur Seneweb Tv dans l’émission Banc Public déffusée tous les vendredis soir. Il préside le Think Tank Africa WorldWide Group (www.africaworldwidegroup.org).
Le 9 juillet dernier, lors de l’émission “Banc Public”, vous déclariez que “Ousmane Sonko incarne le troisième temps fort d’une révolution au Sénégal”. La présence de Madièye Mbodji et Diallo Diop dans son nouvel état-major vous donne du crédit. Donc, Sonko est l’héritier des figures de l’ancien PAI ou d’AJ ?
Effectivement, il nous a semblé qu’Ousmane Sonko incarne ce qu’on pourrait appeler le troisième temps fort de la révolution politique nationale sénégalaise. En réalité, dans l’axe du temps, il y a eu une première révolution politique nationale sénégalaise qu’on peut dater à partir de 1958 avec le PAI de Majmouth Diop contre le régime socialiste de Léopold Sédar Senghor, qui s’est soldée par le départ en exil de Majmouth Diop et la dissolution du PAI. Le deuxième temps fort dans la révolution politique nationale sénégalaise, c’est dans la décennie 80, avec le MRDN et AJ/PADS. Aujourd’hui, depuis 2020, il y a une forme de troisième révolution politique nationale sénégalaise qu’incarnent le Pastef et Ousmane Sonko.
“Depuis 2020, il y a une forme de troisième révolution politique nationale sénégalaise qu’incarnent le Pastef et Ousmane Sonko”
Par rapport à la première révolution, les moteurs de conflictualités diffuse entre Majmouth Diop du PAI et Léopold Sédar Senghor du PS, c’était sous quel angle d’approche on devait attaquer le développement du Sénégal en route vers l’indépendance. Selon Senghor, le modèle d’entrée ou l’angle d’attaque du développement du Sénégal devait être le secteur industriel alors que Majmouth pensait que l’angle d’attaque devait être le secteur agricole disons le secteur primaire (l’agriculture, l’élevage et la pêche). Le deuxième rapport de conflictualité diffuse qui va mener vers une forme de révolution par la Gauche sénégalaise, c’est que pour Senghor, le développement devait partir du centre vers les périphéries alors que pour Majmouth Diop, cela devait partir de la base vers le sommet. Voilà les moteurs de conflictualités diffuses qui vont conduire à l’époque sur le plan politique, à des morts d’hommes suite à des manifestations violentes à Saint-Louis, des combats qui vont valoir à Majmouth, un exil de très longues années et c’est ce qui va casser le mouvement de la Gauche sénégalaise sur la scène politique légale à cette époque-là. Parce que matée et détruite dans l’œuf par Léopold Sédar Senghor.
On va alors connaître pratiquement une léthargie de presque 20 voire 30 ans depuis 1958 en termes de contestations politiques violentes aux allures d’une révolution politique nationale, excepté la parenthèse de mai 68 et en 1978 avec l’arrivée en force du PDS de Abdoulaye Wade à l’Assemblée nationale.
“Si un profil comme Macky Sall est arrivé au pouvoir en devenant président de la République, c’est aussi quelque part, le fruit et la victoire symbolique du mouvement révolutionnaire sénégalais”
Qu’en est-il du deuxième temps fort de ce que vous appelez le mouvement politique révolutionnaire sénégalais ?
C’est dans les années 80 qu’on va voir naître un deuxième temps fort dans ce qu’on pourrait appeler le mouvement politique révolutionnaire sénégalais. Nous avons d’abord le Mouvement Révolutionnaire pour une Démocratie Nouvelle (MRDN) mais aussi avec d’autres partis et mouvements de Gauche d’obédience communiste et anarchiste qui vont fusionner pour donner naissance à l’AJ /PADS qui est le Parti africain pour la démocratie et le socialisme. C’est ce deuxième temps fort du mouvement révolutionnaire qui va faire un travail de fond. Il va attaquer directement les masses laborieuses comme on les appelait à l’époque. C’est ce mouvement qui va estimer qu’à travers les Sports et les Arts et la Culture, on pourrait développer le niveau de conscientisation des masses sur les questions d’enjeux politiques et par ricochet accéder au pouvoir politique d’Etat par le jeu électoral et démocratique. C’est d’ailleurs dans ce mouvement que Joe Diop, Mawade Wade, entre autres, vont prendre le leadership de l’initiative du point de vue des Sports (scolaire, universitaire et navétane) comme activité de masse pour distiller les idéologies communistes. De l’autre côté, à travers les Arts et la Culture, surtout avec le mouvement associatif (les ASC et les navétanes), les révolutionnaires communistes sénégalais avaient pris pour prétexte le mouvement associatif pour pouvoir transformer les mentalités pour les impliquer une dose de politisation. C’est véritablement ce qui a marqué les années 80. C’est l’adhésion, la forte politisation d’une jeunesse qui avait estimé que ce n’est pas seulement dans les sphères de décision du pouvoir étatique qu’on pouvait changer les mentalités et impacter dans la trajectoire du pays, mais aussi de manière latérale ou diagonale, en posant pied dans le monde culturel, littéraire et artistique (Sembene Ousmane, Moussa Sène Absa, Souleymane Bachir Diagne, Boris Diop, ect…). Et d’ailleurs, si Macky Sall et un profil comme Macky Sall est arrivé au pouvoir en devenant président de la République, c’est aussi quelque part, le fruit et la victoire symbolique du mouvement révolutionnaire sénégalais. Même si le camarade Landing Savane a dégénéré entre temps et avec lui, le mouvement révolutionnaire And Jeff…. Pour élever le niveau d’un pays, il faut élever d’abord son niveau de langage, disait Jean Paul Sartre. Aujourd’hui, s’il y a un absent de taille qui porte préjudice au niveau du débat politique, c’est AJ/PADS. Et le fait que les leaders charismatiques de la Gauche sénégalaise n’ont pas su assurer leur relève à temps, a été très préjudiciable à la qualité du débat politique national. Cela a disloqué le mouvement révolutionnaire national sénégalais- disons-nous la Gauche organique dans son ensemble. Feu Amath Dansokho et Abdoulaye Bathily, ont transmis le relais tardivement et Landing Savané est toujours aux affaires malgré son état de santé et son âge. Cela fait que les ténors de la Gauche sénégalaise, pour autant ils ont donné à la lutte politique et progressiste, ses lettres de noblesse au mouvement révolutionnaire national sénégalais, pour autant ce sont eux-mêmes qui ont tué quelque part aussi, le mouvement révolutionnaire national sénégalais.
“Le projet de Sonko est une forme de continuité du projet politique depuis le Mouvement Révolutionnaire pour une Démocratie Nouvelle, avec une nouvelle touche qui est la dimension panafricaine et internationaliste du combat et du discours révolutionnaire”
Et Sonko maintenant ?
Nous sommes en train de connaître le troisième temps fort de la révolution politique nationale sénégalaise, avec le Pastef et Ousmane Sonko. Avec en renfort, des figures titulaires de la Gauche organique telles que Diallo Diop qui a parcouru le temps politique contemporain au Sénégal et qui est là depuis Senghor et a mené tous les combats depuis Senghor jusqu’à aujourd’hui. Il y aussi une cohorte de personnalités issues soit du RND de Cheikh Anta Diop, d’AJ /PADS voir même du PIT, qui se sont retrouvés allègrement dans le projet de Pastef. Ce projet dans ses grandes lignes est une forme de continuité du projet politique depuis le Mouvement Révolutionnaire pour une Démocratie Nouvelle, avec une nouvelle touche qui est la dimension panafricaine et internationaliste du combat et du discours révolutionnaire que prône Ousmane Sonko et le Pastef.
On peut retenir qu’il y a eu deux temps forts et Sonko est en train de d’incarner le troisième temps fort de la révolution politique national sénégalaise, avec ce discours de rupture. Le projet Pastef et Ousmane Sonko himself, sont est une forme de synthèse de tout ce qui a été dit depuis les années 50, mais qui est aujourd’hui contextualisé et adaptée à la réalité et au temps du monde qui est la mondialisation sous fonds de financiarisation de l’économie mondiale d’une part et d’autre part sous fonds d’innovations technologiques. D’ailleurs ce qui intéressant dans la donne Pastef au sens d’objet d’analyse en science politique, est que le projet Pastef est à la fois totalité et morcellement, à l’image de la globalisation.
Les anciens leaders de la Gauche comme Majmouth Diop, Landing Savané, Feu Amath Dansokho ou Abdoulaye Bathily n’ont jamais été en mesure d’accéder au pouvoir. Sonko semble, au contraire, avoir de grandes chances d’y parvenir. Qu’est-ce qui fait son succès par rapport à ses devanciers ?
Les leaders historiques de la Gauche organique n’ont pas pu accéder au pouvoir. Sonko est, peut-être, proche d’accéder au pouvoir. Il y a des éléments qui peuvent expliquer pourquoi ces devanciers n’ont pas pu accéder au pouvoir et que Sonko aurait des chances.
Pour ce qui relevait de Majmouth, à l’époque, il y avait un décalage extrêmement important entre les élites de la Gauche qu’ils étaient et les masses laborieuses pour lesquelles ils veulent défendre la cause. Ce qui fait qu’il faut remonter aux origines même du communisme. Si en Chine, la Gauche avait une orientation paysanne et agraire (ouvriers agricoles) avec Mao, il faut dire qu’en Russie le marxisme avait une orientation ouvrière (ouvriers industriels). Au temps de Majmouth, les leaders pensaient en marxisme, en communisme, mais les perceptions de leurs ordres du discours par les masses laborieuses, posaient problème. Ce qui fait qu’il y a eu un décalage entre le discours et la perception. Ensuite, il faut dire que Léopold Sedar Senghor avait précédé les marxistes-léninistes et les communistes, dans la tête et dans le cœur des masses laborieuses, en diabolisant les coco… Il y avait même un malentendu idéologique et conceptuel qui faisait que pour beaucoup de sénégalais, être de la Gauche, c’est être un athée. Dans un pays aussi cultuel et conservateur que le Sénégal d’antan, le fait d’être étiqueté marxiste, communiste et vouloir parler au nom des masses laborieuses que vous voulez libérer et qui pensent que leur liberté se trouve dans des formes d’organisation sociale d’antan, posait problème. Les masses laborieuses pour lesquelles les élites communistes et marxistes voulaient mener leur combat, n’étaient pas en phase. Il y avait eu un malentendu conceptuel, programmatique qui fait que pour beaucoup, c’était des idéaux anti-religieux. Les communistes étaient considérés comme des gens qui ne croient pas aux marabouts, aux ‘tarikhas’, à l’Islam, qui veulent remettre en cause l’ordre social établi (le patriarcat) surtout en terme de la place et du rôle de la femme, dans un contexte où le Sénégal était un pays extrêmement conservateur. Ce qui fait que globalement, cela a été un échec.
“Pour les cas des Landing Savané, Feu Amath Dansokho et Abdoulaye Bathily, à partir de 2000, la Gauche avait la chance d’accéder au pouvoir soit en 2007 ou en 2012. Mais hélas, la Gauche organique n’est pas sortie indemne de son compagnonnage avec le président Abdoulaye Wade”
Pour les cas des Landing Savané, Feu Amath Dansokho et Abdoulaye Bathily, à partir de 2000, la Gauche avait la chance d’accéder au pouvoir soit en 2007 ou en 2012. Mais hélas, la Gauche organique n’est pas sortie indemne de son compagnonnage avec le président Abdoulaye Wade qui a réduit la Gauche organique sénégalaise, à sa plus simple expression d’abord, avant de la tuer cliniquement. Entre Wade et les leaders de la Gauche (Landing, Feu Amath, Bathily), tout les oppose et une seule chose les approchait, c’était de renverser démocratiquement Abdou Diouf et le régime socialiste. Wade est un libéral et les marxistes et communistes étaient des anti-libéraux. Et c’est la Gauche organique qui va offrir le pouvoir à Abdoulaye Wade dont les orientations philosophiques conceptuelles, doctrinaires et politiques, étaient diamétralement opposées à celles de la Gauche organique. Malheureusement, la coalition électorale entre libéraux et anti-libéraux (Front pour l’Alternance, CAP 2000), n’a pas pu être transformée en coalition politique. Soit dit en passant, c’est ce que Macky Sall va réussir avec Benno Bokk Yakaar sur 10 ans. Ainsi, la coalition électorale entre Wade et le Pôle de Gauche, a pu accéder au pouvoir mais les divergences idéologiques, philosophiques, doctrinaires et politiques étaient si importantes que finalement la mayonnaise n’a pas pris. La Gauche organique a commis des erreurs stratégiques dans son compagnonnage avec Wade et Idrissa Seck va en profiter pour les liquider un à un. Ainsi, dès lors qu’Abdoulaye Wade a accédé au pouvoir, Idrissa Seck sachant que tant que la Gauche et Moustapha Niasse étaient à côté d’Abdoulaye Wade, lui Idrissa Seck tout comme Me Wade, ne pourront pas dérouler comme ils voulaient… C’est pourquoi Idrissa Seck, dès 2001, va commencer une entreprise systématique de liquidation de tous ceux qui ne sont pas de l’idéologie libérale. Idy, avec la bénédiction de Wade, va commencer à liquider Moustapha Niass, puis Abdoulaye Bathily. Mais, c’est au moment où Wade et Idy avaient liquidé Bathily que Landing et Amath Dansokho vont commettre l’erreur politique qui va sonner le glas de la Gauche organique. Parce qu’en politique, toute erreur se paie cash… A l’époque, toute la Gauche organique devait être solidaire pour quitter le navire bleu ensemble au lieu de se le jouer en chevauchées individuelles. C’est comme cela qu’Abdoulaye Wade et Idrissa Seck vont les affaiblir. Les libéraux vont d’abord créer des problèmes à Moustapha Niass avant de l’exclure, ensuite ce sera le tour d’Amath Dansokho et Landing et Bathily devraient dès lors, quitter le gouvernement de Wade et reconstituer le front de Gauche contre les libéraux pour engager le combat de la présidentielle de 2007. Mais ils (Bathily et Landing) ne l’ont pas fait et ont continué à cheminer avec Me Abdoulaye Wade quand Moustapha Niass et Dansokho ont été expédiés du gouvernement. Et quand Idrissa Seck en avait fini avec Niasse puis Dansokho, il s’est attaqué à Bathily et enfin à Landing. Ce qui fait qu’au bout du premier mandat de Wade, la Gauche était redevenue opposition à Wade après avoir offert le pouvoir à Wade. C’est à partir de ce moment et plus jamais, la Gauche organique ne connaîtra pas le Grand Soir et ne deviendront jamais des rois mais toujours des faiseurs de roi. Et encore… Dans l’intervalle, Wade aura pris soin de travestir leurs mœurs politiques par l’argent et le confort des privilèges, et refroidir leurs ardeurs contestataires, en les transformant en des révolutionnaires-bourgeois comprador… Et Wade tua le mouvement politique révolutionnaire sénégalais, la Gauche sénégalaise.
« Le fruit est mûr pour Sonko pour pouvoir, peut être, accéder au pouvoir politique d’Etat »
Que Sonko est en train de ressusciter à vous entendre ?
Pour Sonko, le contexte international a beaucoup joué en sa faveur en dehors de la conjoncture politique nationale. Avant, le combat de ses devanciers était sénégalo-centré parce que local et localisé, et ne dépassait pas les frontières. La chance qu’a eue Sonko est qu’il a coïncidé avec un contexte dénommé la mondialisation sous fond d’innovations technologiques qui fait qu’il a pu amplifier son combat en le rendant à la fois local et localisé mais aussi mondial et mondialisé. Il m’a semblé que Sonko est en train de récolter les fruits mûrs d’une longue évolution qui a commencé dans les années 50. Avant, si les élites étaient très traversées par les idéaux de changement et de rupture mais ils étaient très en décalage avec les masses laborieuses dans le discours politique. C’est aujourd’hui seulement avec ce contexte de totalité et de morcellement qu’impose la globalisation, qu’il y a une convergence d’idées entre les élites et les masses laborieuses. Aujourd’hui, le message de Pastef est revigorant auprès des couches laborieuses alors que du temps du premier et deuxième temps de la révolution politique nationale sénégalaise, il y avait un décalage dans l’ordre du discours. Il n’était pas très audible avec les masses laborieuses qui comprennent et digèrent mieux et plus le discours révolutionnaire aujourd’hui, à la faveur de la complexité du monde, l’ouverture du monde. Cela fait que le fruit est mûr pour Sonko pour pouvoir, peut être, accéder au pouvoir politique d’Etat. D’autant plus que nous sommes passés à une transition démographique qui fait que les moins de 20 ans représentent 73% de la population sénégalaise. Aujourd’hui, comme on a connu une transition démographique qui fait que les jeunes sont de très loin supérieurs aux adultes, c’est ce qui explique objectivement que Sonko pourrait avoir de réelles chances en 2024.
Toutefois sur le plan idéologique, beaucoup dénient à Pastef la posture de parti de gauche. La gauche est un mouvement émancipateur. Sur bien des sujets, Sonko apparaît conservateur, il a défendu par exemple la peine de mort. N’est-il pas plutôt un ovni, un phénomène inédit dans l’histoire sénégalaise ? Diriez-vous qu’il a déjà remporté la bataille culturelle ?
S’agissant de Pastef, quand on scrute bien le discours politique, les orientations idéologiques, la ligne doctrinaire de Pastef, il est plus dans ce qu’on appelle le Centre-Gauche d’obédience nationaliste et patriotique. C’est un parti de Centre-Gauche davantage qu’il n’est de la Gauche radicale ou de l’Extrême gauche. Cela veut dire qu’il y a un certain niveau d’ouverture sur un certain nombre de principes et un total conservatisme sur d’autres aspects. Pastef est un parti nationaliste tout en étant de la Gauche, cela veut dire que sur certains aspects, Pastef peut se montrer conservateur et plus conservateur que la Droite, mais sur d’autres aspects, Pastef peut se montrer très progressiste voir même plus progressiste que la Gauche classique. C’est cela la subtilité des partis de Centre-droite ou de Centre-gauche. Aujourd’hui, à la faveur de la mondialisation et de la chute du mur de Berlin, il y a un retour de l’extrême droite ou de l’extrême gauche en Occident. Mais en Afrique, on assiste à l’avènement de nouveaux courants politico-idéologiques orientés Centre-droite ou Centre-gauche. Nous sommes dans des systèmes de recentrage politique en Afrique alors qu’ailleurs, nous sommes vers des décalages extrémistes, que ce soit à droite ou à gauche.
Vous relevez que ses adversaires ne lui répondent jamais sur le terrain des idées et des propositions mais au contraire le diabolisent. Diriez-vous qu’il a déjà remporté la bataille culturelle ?
S’agissant de Sonko, je dirais qu’il a remporté la bataille médiatique et non pas encore la bataille culturelle. Mais aujourd’hui, à l’état actuel du monde, si vous perdez la bataille médiatique, vous avez perdu toute forme de bataille car la bataille médiatique précède et préfigure toute forme de bataille. C’est ce que Sonko a réussi aujourd’hui avec une forme d’addiction très avancée de la ‘’mafia kacc kacc’’ sur les réseaux sociaux et autres plateformes numériques. Sonko a gagné la bataille médiatique. Il lui reste maintenant à gagner la bataille politique et cela c’est en 2024. Et c’est une autre affaire…