Precop 27 : Arlette Soudan Nonault, « on ne peut pas préserver un arbre au détriment d’un humain qui a faim »
Décidément, l’Afrique veut faire entendre sa voix avec la dernière énergie sur l’injustice climatique à laquelle le continent est confronté. Malgré les bonnes volontés des uns et des autres, cela ne suffit plus. Il faut passer aux actes concrets. C’est en ces termes que l’on peut paraphraser le message d’Alerte Soudan Nonault, ministre de la République du Congo, en charge de l’Environnement, du Développement durable et du bassin du Congo. Elle l’a dit lors d’une interview accordée à la presse, ce lundi 3 octobre à Kinshasa.
« Nous demandons que nous ayons un partenariat qui soit réellement franc. Nous ne pouvons pas continuellement écumer les COP. Nous sommes à la COP27, et que nous n’ayons pas de résultats », a-t-elle déploré.
Le bassin du Congo c’est 10% de la biodiversité mondiale, 40% des ressources hydrauliques de la planète. La région est considérée aujourd’hui comme le premier poumon mondial de la planète à cause de son puits de carbone composé des immenses étendues forestières et des tourbières. Malgré les efforts de conservation, ce bassin capte moins de financement que ceux des bassins de l’Amazonie et celui de l’Indonésie, qui aujourd’hui émettent plus de carbone qu’ils en séquestrent.
« Aujourd’hui, nous sommes le premier capteur net du carbone de la planète, par la séquestration. Nous avons droit à une transition écologique. On ne peut pas nous demander de serrer la ceinture et laisser le monde riche respirer. Nous disons que c’est terminé, les discours et démarches déclaratives. Nous devons marquer l’étape de la Précop en RDC avec une préparation à la COP de Sharm –El-Sheikh qui est la COP de l’action », a renchéri la ministre congolaise.
Le bassin du Congo dispose à ce jour des plans d’investissement. Tout ce qu’il demande c’est un partenariat gagnant-gagnant et des engagements sincères de la part des pays historiquement responsables du réchauffement climatique.
« On ne peut pas nous demander de préserver nos forêts, nos mangroves et nos tourbières sans une rétribution. C’est simplement injuste et immoral. Nous ne sommes pas irresponsables, mais le bon sens veut que nous ne puissions pas préserver un arbre au détriment d’un humain qui a faim », a-t-elle conclu.
Alfred NTUMBA