Covid-19 : pourquoi la campagne de quatrième dose de vaccin piétine-t-elle chez les plus de 60 ans ?

À peine plus d’un tiers. D’après les derniers chiffres publiés par Santé Publique France (SPF), seuls 41% des 60-79 ans (et 53,3% des 80 ans et plus), éligibles à la quatrième dose de vaccin contre le Covid-19, l’avaient reçue au 14 novembre. Au lendemain, le ministre de la Santé François Braun a appelé à accélérer la campagne de vaccination «des personnes âgées et fragiles»ajoutant que les dernières campagnes n’avaient, pour l’heure, «pas atteint» leurs objectifs. Seulement « près de 10-15% des personnes cibles sont vaccinées» contre le Covid-19, a également regretté le ministre.

Le délai recommandé entre deux injections est de trois mois pour les plus de 80 ans et de six mois pour les 60-79 ans, depuis l’arrivée récente des vaccins bivalents – ces nouveaux vaccins efficaces contre la souche originelle du Covid-19 et contre les sous-variants d’Omicron BA.1, BA.4 et BA.5.

Une fatigue vaccinale ?

Pas de quoi satisfaire les autorités publiques donc, alors même que cette quatrième dose est ouverte aux plus de 60 ans depuis le 7 avril dernier. «Je pense qu’il y a une fatigue chez nos compatriotes envers la vaccination», veut croire Philippe Besset, président de la fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). «Aujourd’hui, la recommandation d’une nouvelle dose tous les trois ou six mois n’est pas tenable. Les patients n’ont pas envie de se faire vacciner si souvent»ajoute ce représentant des pharmaciens qui prône «une vaccination chaque année entre novembre et janvier ».

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D’après la direction générale de la santé, 71% des rappels vaccinaux ont été réalisés dans une pharmacie, depuis ce 3 octobre.

Système immunitaire plus fragile

La circulation du virus reste, elle, bien «active»rappelle SPF. Encore plus chez les plus de 60 ans où l’incidence atteignait 357 cas pour 100.000 habitants entre le 31 octobre et le 7 novembre, contre 258 pour l’ensemble de la population sur cette même période. «Sans doute parce que les personnes de cette tranche d’âge ont un système immunitaire plus fragile, ce qui laisse davantage de place au virus pour circuler»analyse Philippe Amouyel, épidémiologiste et professeur de santé publique au CHU de Lille.

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Pour rappel , le gouvernement a fixé le seuil d’alerte à 50 cas pour 100.000 habitants. «On est quand même surpris de cette fatigue vaccinale, également visible dans de nombreux autres pays», s’étonne Philippe Besset. En Allemagne par exemple, seuls 34,8% des habitants âgés de 60 ans ou plus ont reçu deux doses.

Éviter les formes graves du Covid

Ces personnes fragiles penseraient-elles que l’épidémie est terminée ? «Je crois surtout qu’elles ont vu que les nouveaux variants étaient moins pathogènes que la première souche. Elles ont sans doute moins peur»décrypte Philippe Besset. «De la pédagogie est faite pour pousser ces publics à tout de même faire ce rappel», complète Pierre-Olivier Variot, président de l’union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). «Il faut que les gens comprennent que ce rappel leur évitera d’avoir une forme grave et qu’il est important de se reprotéger», appuie-t-il.

Pierre-Olivier Variot voit également une autre raison. «Nous n’avons pas encore de flacon unidose. Quand je n’ai pas de flacon ouvert, pour ne pas gaspiller, je propose un rendez-vous. Des personnes refusent, car elles veulent être vaccinées tout de suite. L’immédiateté change beaucoup de choses»assure-t-il. Selon lui, un flacon contient aujourd’hui «environ six doses» et «sa conservation en dehors du frigo est de six à douze heures».

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Chez les médecins traitants, chez qui 19% des rappels vaccinaux avaient été effectués au 3 octobre d’après Santé Publique France, le problème semble similaire. «J’ai une patientèle qui n’avait aucun problème avec la vaccination et qui y est devenue très réticente», constate Agnès Giannotti, présidente du syndicat de médecins généralistes MG France. «Les personnes sont désormais plus difficiles à convaincre. Elles se fichent de savoir si le vaccin est maintenant bivalent ou non», estime-t-elle.

Un problème de communication ?

Ces vaccins bivalents, intégrés dans la campagne de vaccination par la Haute Autorité de Santé en septembre dernier, «arrivent à un moment où ces patients fragiles ont l’impression qu’ils devront se faire vacciner toute leur vie»constate Pierre-Olivier Variot. «Il n’y a peut-être pas assez de communication du gouvernement sur l’importance du rappel»souligne-t-il.

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En effet, son intérêt scientifique persiste. Et il semble même double. «Les personnes fragiles restent les plus à même de développer une forme grave et il faut les protéger. Ensuite, avec les épidémies de grippe et de bronchiolite , trop de formes graves du Covid provoqueraient de vrais problèmes de saturation dans les hôpitaux», assure l’épidémiologiste Philippe Amouyel. «Mais il n’est pas trop tard ! Le second rappel génère des anticorps dans un court délai de deux à cinq jours. Il y a peut-être un coup d’accélérateur à donner»espère-t-il.

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