COP 28 Dubaï/ MESENTENTE SUR LES ÉNERGIES FOSSILLES/SUSPENSION DES NÉGOCIATIONS CE JEUDI

«Vous n’êtes pas là pour marquer des points politiques ni jouer à la politique du moins-disant, mais pour prendre des mesures ambitieuses.»

À mi parcours de la Conférence climat, ce message poignant adressé aux négociateurs gouvernementaux par le Secrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) facilitant la COP28, en dit long sur les brouilles constatées sur certains points.
En effet, deux accords majeurs sont en suspension, il s’agit du financement de l’adaptation au climat mais également du sort des combustibles fossiles. Et pour y remédier, soutient M. Stiell «Tous les gouvernements doivent donner des ordres de marche clairs à leurs négociateurs» avant de s’indigner «Nous avons besoin d’une ambition plus élevée, pas de postures politiques ou d’une politique du moins-disant ».
Des propos d’ autant plus véridiques que la science est claire, il faut s’attaquer sans détour à la source du problème: les énergies fossiles qui ont été pendant très longtemps un tabou dans les COP.
Le texte en cours de négociations comporte plusieurs options dont l’une contient la mention de la sortie de toutes les énergies fossiles.  »Il est donc encore possible d’obtenir des décisions engageantes de tous les Etats vers une sortie de toutes les énergies fossiles. Et nous veillerons à ce que la capture et le stockage carbone ne soient pas retenues car elles constituent des distractions dangereuses»,  martèle t il
Pas du tout évidemment cependant car après des débuts marqués par plusieurs avancées, les négociations entre les parties bloquent sur l’enjeu majeur de l’avenir des combustibles fossiles, certains pays demeurant farouchement hostiles à toute mention du sujet méme si les pays en développement et la société civile soutiennent que l’engagements sur les énergies renouvelables est une priorité.
S’il est encourageant de voir plus d’une centaine de pays s’engager vers le triplement de la production des énergies renouvelables d’ici 2030 ainsi que sur le doublement du rythme annuel de progression de l’efficacité énergétique, il est impératif que ces engagements se retrouvent dans le texte final. Dans le même temps, il ne faut pas oublier l’importance d’une sortie juste, rapide et équitable des énergies fossiles.
Afin de faciliter un accord sur le Bilan Mondial et sur la sortie des énergies fossiles, les pays historiquement émetteurs doivent être les premiers à s’engager à l’élimination progressive des combustibles et la transition vers les énergies renouvelables. Enfin, aucune subvention aux énergies fossiles ne peut être considérée comme légitime. Pourtant, selon une estimation récente du Fonds monétaire international, le montant total des subventions aux énergies fossiles s’élevait à 7 000 milliards de dollars en 2022, soit près de 7,1 % du PIB mondial. Les Etats doivent mobiliser les ressources financières vers les solutions les plus efficaces : les énergies renouvelables.
Pour renforcer l’ambition collective et respecter les principes de justice climatique, les flux de financements climat, en particulier des pays à haut revenu, les plus responsables du changement climatique, vers les pays du Sud, sont un sujet déterminant mais aussi une véritable source de tensions au sein des COP. Or malgré des avancées significatives en ce début de COP, les négociations et promesses de financements n’ont pas suffisamment progressé.
Si la COP a débuté positivement avec la concrétisation du Fonds pour les Pertes et Dommages (les conséquences irréversibles du changement climatique) et des premières promesses de financements, les montants restent largement insuffisants, avec à peine plus de 600 millions de dollars promis à ce stade, là où les besoins réels pourraient excéder les 500 milliards de dollars annuels. Plus largement, et alors que l’on attend toujours de savoir comment les pays riches comptent tenir leur engagement de doubler leurs financements climat pour l’adaptation d’ici à 2025, les nouveaux montants annoncés pour les fonds multilatéraux pour le climat sont beaucoup trop faibles.
Ainsi, le Fonds pour l’Adaptation a obtenu à peine plus de 160 millions de dollars de financements additionnels, alors que l’ONU estime que les besoins des pays du Sud en la matière sont 10 à 18 fois supérieurs aux flux actuels.
Au-delà des montants, il est nécessaire de garantir que les financements proviennent en priorité de sources publiques, soient alloués sous forme de dons, et non de prêts, et ne génèrent pas de dette. L’annonce d’un groupe de travail pour identifier des modèles de taxes sur le principe du pollueur-payeur d’ici la COP30 afin de financer l’action climatique, le développement et la biodiversité est la bienvenue car les besoins sont énormes.
Après la suspension ce jeudi des négociations, la reprise demain nous édifiera
Par Fatou NIANG/COP28-Dubaï 

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