Canada : la diplomate sénégalaise malmenée, son fils autiste, les cafards et les 45 000 dollars

A l’origine de l’incident entre la victime présumée et la police canadienne, une histoire de dégradation d’habitation. Explications.

Une affaire privée a jeté un léger coup de froid dans les relations entre le Sénégal et le Canada. L’intervention musclée de la police canadienne chez une diplomate sénégalaise, malmenée et menottée, a provoqué la convocation de la chargée d’affaires de l’ambassade du Canada à Dakar et l’envoi à Ottawa d’une lettre de protestation du ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, Aïssata Tall Sall.

Dans son édition de ce mercredi, Libération donne les détails à l’origine de cette histoire. Après l’éclatement de l’affaire, la police canadienne a donné sa version des faits. Expliquant que lors d’une intervention pour assister un huissier, dans le cadre de l’exécution d’une ordonnance de saisie chez la diplomate, elle s’est heurtée à une farouche opposition de cette dernière. D’où leur intervention musclée.

Plus de 45 000 dollars à régler

Libération renseigne que l’ordonnance en question est consécutive au jugement du 2 juin dernier condamnant la diplomate sénégalaise à payer à son bailleur, un certain Michel Lemay, plus de 45 347,95 dollars. Ce montant représente la réparation des dommages causés dans le logement qu’elle occupait et sur les accessoires du fait d’un usage excessif. Le montant comporte des intérêts et divers frais.

La diplomate sénégalaise avait pris l’appartement en location pour la période du 1er novembre 2018 au 31 octobre 2020. Le bailleur avait décidé de mettre en location son bien immobilier, situé à Québec, parce qu’il avait obtenu un travail de deux ans hors du Canada.

La maison est de type bungalow, «meublée avec goût» et dotée d’«électroménagers neufs», d’après la description de la justice canadienne, reprise dans Libération.

Les douches de l’enfant autiste

A l’été 2019, lors de ses premières vacances à Québec après son départ, Michel Lemay apprend de son gestionnaire qu’il se pose des problèmes d’infiltration d’eau dans son appartement. «Le locateur constate que le revêtement du plancher du sous-sol est imbibé et qu’il y a de la moisissure sur les murs du sous-sol. L’assureur ayant été avisé, il envoie un expert en sinistre sur les lieux», constate le tribunal.

Celui-ci poursuit : «Le locataire doit tout de même faire appel à un plombier pour identifier la cause du sinistre. Il apparaît que c’est la façon dont la douche est utilisée qui cause tout ce dégât. En effet, le locataire ne ferme pas la porte de la douche lorsqu’il aide son fils autiste à se laver. L’eau qui coule à l’extérieur n’est pas essuyée. L’eau abîme le revêtement des murs et s’infiltre sous le plancher.»

Les cafards et les éraflures sur les meubles

Quelques mois plus tard, Noël 2019, le bailleur revient à Québec pour les fêtes de fin d’année. D’autres problèmes sont identifiés : d’après le tribunal, il est constaté que le locataire utilise la salle de bain du rez-de-chaussée de la même façon qu’il utilisait celle du sous-sol. Le problème d’infiltration d’eau se pose à nouveau.

Plus tard, relève la justice canadienne, il est remarqué que la maison est infestée de cafards. Quatre traitements n’y feront rien. Le mobilier n’est pas épargné.

«Les meubles sont éraflés et égratignés. Il en manque, tout est sale», martèle le tribunal. Qui souligne que le locataire utilise du charbon de bois dans le BBQ au gaz.

Voilà, selon la justice canadienne, ce qui a conduit à la condamnation de la diplomate sénégalaise dont nous n’avons pas pu recueillir la version des faits.

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