Alimentation : le bio craint pour l’avenir de ses filières

La grande distribution veut-elle la peau du bio ? Dans une lettre ouverte publiée mardi, les représentants de la filière biologique accusent plusieurs enseignes de supermarchés de «se désengager du marché bio» dans un contexte d’inflation au risque «de provoquer de la casse dans les fermes et entreprises». «La baisse des assortiments bio en grande distribution se poursuit à un rythme très rapide : en septembre 2022, l’offre avait reculé de 7.3 % depuis janvier», pointent les auteurs.

S’adressant à Leclerc, Coopérative U, Carrefour, Auchan, Casino, Intermarché et Cora, ces producteurs constatent «une progression de la demande pour les premiers prix» qui selon eux portent préjudice au bio, dans un contexte «d’inflation galopante», la grande distribution ayant l’habitude de faire de grosses marges sur ses produits bio.

Pour les trois organisations signataires de la lettre ouverte (Synabio, FOREBio et la FNAB), l’inflation n’est toutefois pas la seule cause du désamour récent des consommateurs pour le bio. «Le développement de démarches telles que HVE (certification Haute Valeur Environnementale, ndlr) ou Zéro résidu de pesticides, qui s’approprient les codes du label bio alors qu’elles sont loin d’offrir le même niveau d’exigence, crée la confusion chez les consommateurs», estiment-elles. Ils rappellent que la Cour des comptes a, dans un rapport datant de cet été, pointé la faiblesse des moyens accordés à l’agriculture bio, malgré ses avantages environnementaux et économiques.

Démantèlement des équipes dédiées au bio

Synabio, FOREBio et la FNAB reprochent notamment à la grande distribution de démanteler ses équipes auparavant dédiées au bio, de noyer leurs produits dans «des catégories aux contours mal définis comme l’offre durable», ou encore de diminuer le réassort en produits bio. Elles chiffrent cette baisse à 7,3 % entre janvier et septembre 2022.

«Nous risquons d’entrer dans un cercle vicieux qui pourrait en quelques mois mettre en péril des filières entières et compromettre les efforts engagés depuis des années par les pouvoirs publics, les producteurs et les entreprises pour passer en bio», s’émeuvent-elles.

Cette situation risque de provoquer «de la casse dans les fermes et entreprises», les fermes s’engageant dans le bio ayant besoin d’au moins 3 ans voire 5 ans pour «décrocher le label», rappellent-elles. L’inflation, en particulier celle sur les produits alimentaires (+12 % sur un an en octobre, selon l’Insee), risque de dégrader la qualité de l’alimentation des Français.

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