Universités sénégalaises : Une rentrée qui s’annonce mouvementée
Après la fermeture des universités, il y a deux mois, officiellement pour raison de covid-19, la rentrée s’annonce mouvementée. Les syndicats des Pats sont déjà sur le pied de guerre. Le Personnel administratif, technique et de service (Pats) réclame l’application à sa faveur de l’augmentation des 100 000 F Cfa décidée par le président Macky Sall. Le dossier était déjà sur la table de Cheikh Oumar Anne. Intervenant lors de l’affaire du foncier de l’ESEA, l’ancien ministre de l’enseignement supérieur avait affirmé que les Pats ne font pas partie de cette augmentation tout en demandant aux Recteurs de procéder à une majoration pour les enseignants.
Dans une note datée du 12 septembre 2022, le directeur général de l’Enseignement supérieur, Pr Amadou Abdoul Sow, donnait instruction aux recteurs de revoir à la hausse le régime indemnitaire du personnel enseignant et de recherche (Per).
Il s’agit, selon lui, « de la revalorisation de l’indemnité d’enseignement, composante spécifique aux enseignants qui passe ainsi de 50% à 60% de la solde indiciaire, de la défiscalisation de l’indemnité de logement payée à 100 000 F net d’impôts (et) de la hausse du point indiciaire de 5% qui passe de 51,43% à 56,43% ». Le DG de l’enseignement supérieur a demandé une ‘’application diligente’’ de ces mesures avec une ‘’rétroactivité’’ jusqu’en mai 2022.
Cette double posture du ministère qui consiste à refuser l’augmentation aux Pats tout en l’accordant aux enseignants est vécue comme du mépris de la part des premiers. Dans un communiqué daté du 14 septembre, l’intersyndicale des Pats des universités et des Isep se désolait « vivement du manque de considération manifeste dont elle est victime de la part de son Ministre de tutelle, le Ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, relativement à son refus affiché de reconnaître l’éligibilité des PATS à cette augmentation décidée par le Chef de l’Etat ».
Les travailleurs chauffés à blanc
Les syndicats réunis dans cette instance faitière accusent le ministre, Cheikh Oumar Anne de se livrer à du « corporatisme manifeste et indigne d’un universitaire de son rang ».
A quelques jours de la rentrée, les travailleurs ont été gonflés à bloc pour aller à l’assaut du Mesri. Les syndicats ont eu une prise de contact avec le nouveau ministre. Les leaders ont précisé à Pr Moussa Baldé que l’augmentation des salaires et le statut des Pats restent leurs priorités. Pour l’instant, il n’y a pas encore de négociation ou de proposition.
Du côté de l’UGB, on menaçait déjà de bloquer la rentrée universitaire. Ici on déclare que si Cheikh Omar Anne a été capable de fermer les universités ‘’pour des raisons politiques’’ (élections législatives), eux aussi sont capables de bloquer l’institution pour réclamer leur dû.
Du côté de l’Ucad, la rentrée, prévue le 3 octobre, risque de se faire non pas dans les bureaux, mais à l’ombre du Baobab en face de la faculté de médecine (lieu des assemblées générales). Certains syndicats ont déjà donné rendez-vous à leurs membres sur ce lieu. D’autres devraient suivre. En somme, les étudiants qui ont déjà eu droit à des vacances surprises et forcées pourront être contraints à une prolongation.