[Transports interurbains 1/3] : Les “Horaires” ne roulent pas toujours à l’heure
Le ciel est gris et nuageux en cette journée. Une ambiance morose qui sied au contexte marqué par l’accident de Sakal faisant plus d’une vingtaine de décès. Mais l’ambiance est tout autre à l’intérieur de la gare routière des Baux Maraîchers. Le temps semble s’être arrêté dans ce lieu. Les activités suivent leur cours dans une parfaite synchronie.
Les départs et arrivées font vivre la gare routière des Baux Maraîchers. Des cars, des bus ou encore des ‘sept places’ font la navette entre Dakar, l’intérieur du pays et la sous-région. En cette fin d’après-midi, certains véhicules se préparent pour le départ. Il s’agit des horaires en partance pour Fouta, Tamba ou encore Ourossogui. Les départs sont fixés entre 16h et 19h. Un monde fou converge vers les bus. C’est tout un écosystème qui prend forme autour de cet univers.
Un écosystème qui roule à 100 à l’heure
A quelques minutes du départ, l’ambiance est animée. Apprentis et emballeurs sont à pied d’œuvre pour répondre à la demande. Certains voyageurs sont déjà confortablement assis à l’intérieur du bus en partance pour Fouta en attendant le départ. D’autres, par contre, règlent quelques formalités avant de pouvoir dire au-revoir à la capitale sénégalaise.
C’est le chargement pour l’horaire en partance de Fouta. Les emballeurs sont à pied d’œuvre. Ils empaquettent les bagages à l’aide de sacs de riz vides, inscrivent les noms et l’adresse des chauffeurs avant de le donner à l’apprenti chargé de mettre les bagages en haut. C’est tout un travail à la chaîne. Boubacar Diallo est emballeur. Dans le métier depuis dix ans, le sieur s’active à répondre à la demande. Ce dernier explique que les prix ne sont pas fixes car tout dépend du colis. A ce propos, il révèle que les horaires sont très avantageux car constituant sa principale source de revenus. «Je peux gagner entre 5.000FCFA et 10.000FCFA», déclare le sieur tout en continuant sa besogne.
Ibrahima Diop aide dans le chargement des bagages. «C’est le conducteur qui nous remet ensuite une somme qu’on se partage entre nous», explique-t-il. Ce dernier affirme d’ailleurs être pour la limitation des porte-bagages mais pas pour leur disparition. Cela porte préjudice aussi bien aux clients qu’aux chauffeurs.
«C’est notre principal moyen de subsistance», affirme Cheikh Ba, chauffeur de l’horaire en partance de Fouta. Il informe que les départs sont initialement prévus à 16h et ils arrivent à destination à 8h. Ce choix n’est pas fortuit car c’est à la demande des clients. C’est plus pratique pour eux de voyager la nuit. «Cependant, il nous arrive d’attendre que le véhicule soit rempli pour pouvoir prendre la route », admet-il
Un problème de temps
Si ce moyen de transport permet aux voyageurs de se déplacer, il assure aussi l’envoi de colis. Awa Ly s’assure que son sachet soit bien en sécurité, ensuite elle donne son nom, le numéro et l’adresse où déposer le colis. «J’envoie quelques vêtements à mes proches du Fouta. Je le fais souvent et c’est très pratique», renseigne la dame qui juge les tarifs «abordables». Cependant cette dernière fustige le temps de réception des colis par les destinataires.
5h. C’est le temps d’attente de Fatou Ba. Assise à l’intérieur du véhicule, elle fustige ce problème de temps. Cette résidente du Fouta est venue à Dakar pour les besoins du mariage de son frère. Elle est dans cette gare depuis 12h. «L’attente est trop longue», fulmine-t-elle. Celle qui choisit ce moyen de transport pour les tarifs pense à changer de moyen de transport.
Quelques sièges plus loin, Diaw Loum ronge son frein . Le sieur prend son mal en patience et attend le départ. «Les prix sont abordables. Mais la qualité du service fait défaut», affirme le voyageur. Il juge les sièges poussiéreux et étroits. Mais le sieur se désole surtout de la ponctualité. «Ils ne sont pas très ponctuels. Il y a un réel problème d’organisation. Le départ était prévu à 16h et il est 17h30», relève-t-il.
17h30, le garage se vide. Le ronronnement des véhicules laisse place au silence. Le temps de quelques minutes. Intemporel !