Pourquoi certains médicaments sont-ils en pénurie?
Les pénuries touchant certains médicaments, en Belgique et dans d’autres pays européens, trouvent leur origine dans la forte pression à la baisse sur les prix des médicaments, la libre circulation des marchandises en Europe et des normes de qualité élevées qui exigent un processus de production très complexe, soulignent lundi les organisations Pharma.be, Medaxes (association pour des médicaments accessibles) et Bachi (association des entreprises de l’industrie des médicaments en vente libre et des produits de santé vendus en pharmacie).
“Qu’il n’y ait toutefois aucun doute sur le sujet: les entreprises pharmaceutiques souhaitent évidemment que leurs produits soient toujours disponibles lorsque les patients en ont besoin”, affirment dans un communiqué les trois organisations, soulignant toutefois que “la lutte contre les pénuries de médicaments ne se limite pas à la bonne volonté des acteurs sur le terrain” et requiert une approche holistique.
“En Belgique, de nombreuses initiatives ont déjà été prises, en concertation avec l’Agence fédérale des médicaments et des produits médicaux (AFMPS), pour approvisionner les pharmaciens et les patients en temps utile”, rappellent Pharma.be, Medaxes et Bachi. Notre pays aurait même été le premier en Europe à mettre en place une plateforme informative (appelée “PharmaStatut”) qui garantit la transparence sur les causes et la durée de l’indisponibilité d’un médicament, au bénéfice des professionnels de santé et des patients.
Comment l’expliquer?
Mais “si les choses tournent parfois mal, c’est lié au climat d’investissement en Europe, qui est difficile à concilier avec la forte pression à la baisse sur les prix des médicaments, la libre circulation des marchandises en Europe et, enfin, les normes de qualité élevées qui sont imposées aux médicaments dont le processus de production est très complexe”, résument les trois organisations.
Ces dernières constatent notamment que le maintien de la production locale en Europe est un “défi majeur” pour tous les secteurs industriels, étant donné la forte hausse des coûts salariaux et énergétiques qui font que la production à bas prix “n’est pas compétitive et que ces activités sont déplacées vers d’autres parties du monde.” “Le secteur pharmaceutique n’échappe pas à cette dynamique. Seules les activités à forte valeur ajoutée qui nécessitent aussi beaucoup de connaissances spécialisées y échappent pour l’instant”, ajoutent-elles.
En outre, les médicaments sont soumis à la libre circulation des marchandises au sein de l’Union européenne. Mais comme le prix d’un médicament est déterminé par le gouvernement de chaque pays membre, on observe des flux depuis les pays où les prix sont peu élevés vers les pays où ils sont vendus plus cher.
“Pharma Valley”
Enfin, rappelle-t-on, les entreprises pharmaceutiques ne prennent aucun risque en termes de sécurité et de qualité des produits. Les processus de fabrication des médicaments demandent beaucoup de temps et sont particulièrement fragiles et complexes. “Accroitre la production en cas d’augmentation de la demande ne peut se faire du jour au lendemain”, insistent Pharma.be, Medaxes et Bachi.
Alors que les autorités belges ont la volonté de consolider la position de “Pharma Valley” occupée par la Belgique en Europe, voire dans le monde, le secteur estime que le maintien des médicaments à la disposition des patients belges à l’avenir passera par des ajustements nécessaires sur le long terme “pour rendre notre système de distribution moins sensible à toutes sortes de facteurs externes.” “Encourager un environnement économique concurrentiel sain, qui permette la présence de multiples acteurs sur le marché belge, est l’un des ajustements nécessaires à la mise en place d’un système de distribution durable”, soulignent encore les trois organisations.