La 29e conférence sur le climat de l’ONU s’est ouverte ce lundi 11 novembre en Azerbaïdjan par Sultan Al Jaber, président de la COP précédente, qui va passer la main officiellement au ministre azerbaïdjanais de l’Ecologie et des Ressources naturelles Moukhtar Babaïev.
Elle s’est tenue dans un climat international marqué par le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, jetant irrémédiablement un voile de pessimisme sur le maintien des États-Unis dans l’accord phare sur le climat, signé à Paris en 2015. Le pays étant la première puissance mondiale et le deuxième pays émetteur de gaz à effet de serre sur la planète. « Il est temps de montrer que la coopération mondiale n’est pas au point mort. Elle est à la hauteur du moment », a lancé le patron de l’ONU Climat, Simon Stiell, en ouverture de l’énorme conférence à Bakou, sur les bords de la mer Caspienne, sans jamais mentionner le pays dont le nom est ici sur toutes les lèvres : les États-Unis.
Il ne faudra qu’une signature à Donald Trump, à son entrée à la Maison Blanche le 20 janvier, pour rejoindre l’Iran, le Yémen et la Libye hors de l’accord adopté à Paris en 2015 par les pays du monde entier. Pourtant cet accord est le moteur qui a permis d’infléchir la trajectoire de réchauffement mondial depuis dix ans aux alentours de 3°C ou moins d’ici 2100, selon les calculs.
A l’ouverture des débats, l’Accord de Paris était ainsi l’objet de toutes les préoccupations. 51.000 participants sont accrédités à la COP29 mais de nombreux dirigeants internationaux ne feront pas le déplacement.
Pour rappel cet accord adopté par les pays il y a près de dix ans, en 2015, engage le monde à limiter à 2°C le réchauffement et à poursuivre les efforts pour le contenir à 1,5°C, par rapport à la fin du 19e siècle. « Les précipitations et les inondations records, l’intensification rapide des cyclones tropicaux, la chaleur mortelle, la sécheresse implacable et les incendies catastrophiques que nous avons observés dans différentes régions du monde cette année sont malheureusement notre nouvelle réalité et un avant-goût du futur », a souligné la secrétaire générale de l’OMM, Celeste Saulo, dans un communiqué. Néanmoins selon elle, « il est important de souligner que cela ne signifie PAS que nous n’avons pas réussi à atteindre l’objectif de l’Accord de Paris ».
« La COP29 est un moment de vérité pour l’accord de Paris », a lancé M. Babaïev, ministre azerbaïdjanais de l’écologie, et ancien cadre la compagnie pétrolière nationale, Socar.
« Les ambitions de l’Accord de Paris sont en grand danger », a de son côté alerté l’ONU ce lundi 11 novembre, alors que l’année 2024 quasiment assurée de devenir l’année la plus chaude jamais enregistrée sur Terre. « De janvier à septembre 2024, la température moyenne de l’air à la surface du globe était supérieure de 1,54 °C à la moyenne préindustrielle », relève le nouveau bulletin de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), qui souligne que le réchauffement à long terme mesuré sur plusieurs décennies reste, lui, inférieur à la limite de 1,5 °C. Si cela se maintient sur le long terme, la limite climatique serait considérée comme atteinte.
Un 2eme point et pas des moindres, les finances. En effet l’enjeu principal de cette COP, qui durera jusqu’au 22 novembre, est de fixer le montant de l’aide climatique des États développés pour les pays en développement afin qu’ils se développent sans charbon ni pétrole, et puissent affronter plus de canicules et d’inondations.
Le président de la COP29 Moukhtar Babaïev a évoqué des « centaines de milliards » dans son discours d’ouverture, mais aucun négociateur n’a dévoilé ses cartes. Des délégués ont négocié jusqu’à 4H du matin dans la nuit de dimanche à lundi.
Il s’agit ici de trouver un compromis sur les montants d’aide financière à destination des pays les plus pauvres et vulnérables au changement climatique.
« Tout le monde sait que ces négociations ne seront pas simples », a lâché la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, pessimiste.
L’Ougandais Adonia Ayebare, président d’un bloc de négociations appelé G77+Chine, qui regroupe les pays en développement, prévient également que les négociations de deux semaines seront difficiles. « Dès qu’on parle d’argent, tout le monde se montre sous son vrai jour », lance le diplomate.
Cet argent, en grande majorité des prêts, permet de construire des centrales solaires, d’améliorer l’irrigation, de construire des digues ou d’aider les agriculteurs face aux sécheresses.
Aujourd’hui de 116 milliards de dollars par an (à date de 2022), le nouvel engagement doit être négocié en milliers de milliards annuels, selon les réclamations des pays pauvres. Ce que les Occidentaux jugent irréaliste pour leurs finances publiques. Avec la menace bien réelle du retrait des États-Unis de l’Accord de Paris, les chances d’obtenir un consensus à Bakou, d’ici la fin de la conférence le 22 novembre, semblent désormais encore plus difficiles.
De quoi provoquer une première réaction vocale du patron de l’ONU pour le Climat, Simon Stiell. Ce dernier a estimé que le financement de l’aide climatique par les pays riches n’est pas une « œuvre de charité » et est « dans l’intérêt de tous ». Il a ainsi appelé les pays à « montrer que la coopération mondiale n’est pas au point mort », au milieu d’une actualité internationale déjà peu réjouissante.
Malgré cet appel, les difficultés à négocier n’ont pas tardé à apparaître ce lundi. Le programme ayant déjà pris plusieurs heures de retard, faute d’accord pour adopter l’ordre du jour officiel, indispensable au démarrage des dizaines de négociations spécifiques. En cause ? Le blocage de plusieurs pays, dont la Chine et l’Inde, disposés à discuter de l’application de l’accord de la COP28 que sous l’angle du développement de la finance climatique. Alors que la COP 28 avait fixé des objectifs sur la sortie des énergies fossiles. Autre point de dispute : la Chine exige, au nom du Brésil, de l’Inde et de l’Afrique du Sud, d’ajouter le sujet des barrières commerciales unilatérales liées au climat, visant principalement l’UE.