Macky, le Fmi et « la bonne tenue des finances publiques »
Hier en conseil des ministres, Macky Sall a abordé, entre autres questions, la gestion de l’argent du pays. Et c’est pour féliciter « le Gouvernement pour les efforts de relance de l’activité économique, la bonne tenue des finances publiques, consacrés par l’approbation par le Conseil d’administration du FMI de la dernière revue du Programme économique et financier du Sénégal ».
Ainsi donc, le chef de l’Etat se réjouit de la « bonne tenue des finances publiques » et prend en guise de preuve, l’approbation du Fmi. C’est à se demander si Macky Sall préfère se livrer à la politique de l’autruche, plutôt que de voir la réalité en face. En effet, se féliciter de la gestion des deniers publics en s’appuyant sur le Fmi est la meilleure façon d’ignorer ou de faire semblant d’ignorer les inquiétudes du Fmi et les manquements relevés par cet organisme.
Pour que l’institution approuve la dernière revue du Programme économique et financier, il a fallu qu’elle accorde un délai supplémentaire au Sénégal jusqu’au 10 janvier 2023 pour que Dakar face un travail de toilettage sur les finances publiques.
Malgré la hausse sur les prix de l’énergie dans ce contexte économique difficile, le Fmi est loin d’être satisfait du Sénégal. Il s’attend à ce que le déficit budgétaire soit maintenu à 6,2 % du PIB en 2022. Ce qui passe par « des mesures de recettes supplémentaires et des économies destinées à compenser des subventions à l’énergie plus importantes ». « Les autorités se sont également engagées à accélérer l’assainissement budgétaire pour contenir le déficit budgétaire de 2023 en dessous de 5 % du PIB », ajoute le Fonds.
Le Fmi a déjà regretté le fait que la réalisation de certains projets ait été décalée du fait de la subvention à l’énergie. Ainsi, à côté de la nouvelle hausse sur le prix du carburant et de l’électricité, l’institution s’attend à d’autres efforts de la part du gouvernement sénégalais pour « reconstituer les marges budgétaires et placer la dette publique sur une trajectoire résolument descendante à moyen terme ».
A propos de la transparence dans la gestion des deniers publics, le Fmi se félicite certes de la publication du rapport de la Cour des comptes, mais s’attend à des « mesures pour remédier aux faiblesses dans la gestion des dépenses ».
Le Fmi demande l’adoption d’un nouveau code des marchés pour mettre fin aux gré-à-gré exagérés. « Enfin, le cadre fiscal pour la gestion des revenus des hydrocarbures devrait être mis en place rapidement afin de s’assurer que ces ressources profiteront au développement du Sénégal ».
En résumé, le Fmi rejette les subventions, demande plus de marges budgétaires, ainsi que la correction des faiblesses dans la gestion des finances notamment par l’adoption d’un nouveau code des marchés et un cadre fiscal pour les revenus pétro-gaziers. Au vu de tout cela, parler de ‘’bonne tenue des finances publiques’’ en prenant prétexte du quitus (relatif !) du Fmi relève presque d’un déni.