
L’étrange destin du livre de Cheikh Yérim Seck (Par Adama NDIAYE)
Le plus intéressant dans le livre de l’ancien journaliste de Jeune Afrique, c’est son curieux destin pour ne pas dire savoureux. Après l’annonce de la parution de l’ouvrage, et à la lecture de la quatrième de couverture, Cheikh Yérim Seck a été encensé, dans certains milieux, disons “patriotes”, comme un journaliste courageux, rebelle. Celui qui allait donner le coup de grâce à Macky Sall, déjà mal en point entre les scandales politico-financiers, la série noire sur les routes, et son incapacité à mettre réellement en place ses réformes sociales. Du côté du pouvoir, la colère était vive. Mamadou Lamine Massaly lance d’ailleurs une première banderille, dans une contribution, en qualifiant Cheikh Yérim Seck de “bellâtre” et en exhumant l’histoire du viol pour lequel il a été condamné.
Soixante-douze heures plus tard, le contenu du livre, commençant à “fuiter”, avec notamment des détails sur la vie nocturne de Ousmane Sonko, Cheikh Yérim Seck est vite devenu l’agent principal d’un énième complot visant à contrecarrer la marche irrésistible de PROS vers le palais présidentiel. L’on nous dit en gros que le titre, ainsi que les révélations dérangeantes sur le pouvoir ne seraient qu’un écran de fumée pour cacher la véritable nature du bouquin : une entreprise de démolition monsieur Ousmane Sonko. Un complot bien sûr mijoté et financé par le couple exécutif.
Sur les réseaux sociaux le voilà donc cible d’une maréchaussée patriote particulièrement courroucée.L’angle d’attaque est le même, là-aussi, que celui de ses détracteurs proches du pouvoir : on lui ressort ses anciennes casseroles judiciaires.
Par un formidable renversement de situation, c’est maintenant au tour des militants et sympathisants de Benno Bokk Yaakaar, d’exulter, ravis de voir Sonko éclabousser par ce qui apparaissait comme un brûlot contre le Président de la République.
Je n’ai pas fini de lire le livre de Cheikh Yérim Seck pour me faire une opinion définitive, mais il a au moins le mérite de mettre en lumière les tartufferies du débat public.