Le député écologiste Julien Bayou veut repeindre tous les toits en blanc

Des toits tout blanc. Détrompez-vous, ce n’est pas à cause d’une épaisse couche de neige. Sommes-nous en Grèce, alors? Non plus. Il s’agit d’une peinture blanche qui recouvre tous les toits des immeubles et des maisons françaises. Une technique nommée «cool roofing». Voici la proposition du député écologiste Julien Bayou (EELV), qui fait l’objet d’amendements actuellement examinés à l’Assemblée nationale, dans le cadre du projet de loi sur les énergies renouvelables.

Une couleur qui ne serait pas un effet de style mais un moyen de faire baisser la température des bâtiments et de limiter le recours à la climatisation. «La peinture blanche va permettre de renvoyer une grande partie des rayons du soleil vers l’atmosphère. La toiture reste à température ambiante, ce qui limite sa surchauffe pendant la période estivale et a fortiori durant les canicules (jusqu’à 7 degrés de différence). La température à l’intérieur du bâtiment est ainsi régulée, ce qui permettra d’éviter ou de diminuer l’utilisation de la climatisation, qui est nocive pour l’environnement et qui impacte grandement notre consommation électrique», précise l’amendement.

Les particuliers, qui s’engagent à repeindre leur toit en blanc, pourraient même bénéficier d’un prêt à taux zéro. «Cet amendement vise à ajouter à la liste des travaux compris dans l’éco-prêt à taux zéro, la pose d’un revêtement réflectif permettant de réguler la température des bâtiments et de lutter contre les îlots de chaleur urbains», est-il écrit.

Difficilement applicable pour les toits en pente

Cette proposition n’a pas suscité l’engouement du gouvernement de prime abord. L’exécutif a en effet opposé une fin de non-recevoir et les amendements ont été rejetés en commission avant un revirement de situation. La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, souhaite étudier la proposition. Elle est donc actuellement examinée en séance publique à l’Assemblée nationale. Toutefois, les sceptiques sont encore nombreux. «On n’est pas dans les Cyclades, en Grèce», s’agace le président Renaissance de la commission des Affaires économiques, le député Guillaume Kasbarian, auprès du Parisien . Avant de poursuivre: «Allez expliquer aux Normands qu’on va peindre les toits de chaume en blanc! Ou à ceux qui ont des toits en ardoise… Cette idée est inapplicable».

Et que deviendraient les célèbres toits en zinc parisiens, une véritable signature de la capitale? Une autorisation d’urbanisme des Architectes des bâtiments de France (ABF) serait nécessaire pour les repeindre. La peinture ne doit pas générer des contentieux qui ralentiraient le déploiement des panneaux solaires, selon le cabinet de la ministre. Mais selon l’amendement, «les canicules se sont répétées en France à l’été 2022 et elles n’auront de cesse de s’accentuer. La peinture blanche réfléchissante est donc une solution simple et efficace de sobriété énergétique et d’adaptation au changement climatique

L’avis des sceptiques est partagé par une PME toulousaine, Solar-Paint, qui commercialise une peinture blanche biosourcée, Solarcoat, à destination des bâtiments commerciaux et industriels. Son dirigeant, Michel Rouault, confirme que ce procédé est difficilement applicable aux particuliers. «Si une personne a un toit plat, il est possible de le peindre en blanc. Avec un autre type de toiture, c’est plus compliqué», explique-t-il. De plus, le laboratoire de recherche de l’université de Berkeley en Californie estimait en 2019 que ce procédé écologique en été conduisait à une augmentation du chauffage en hiver, la toiture n’absorbant plus l’énergie du soleil. Reste à savoir si les Français apprécieront de voir la vie en blanc.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Previous post [Vidéo] Guinée Équatoriale : Le Président Téodoro Obiang Nguema investi pour un nouveau mandat
Next post Suivez le Marathon budgétaire à l’Assemblée nationale : Sidiki Kaba face aux députés