L’Afrique du Sud est-elle condamnée à la corruption ?
Une commission indépendante rendra mercredi son rapport sur ce qu’on appelle le « Farm Gate ». Le président Cyril Ramaphosa , ancien lieutenant de Nelson Mandela et chef d’État loué par nombre de ses pairs pour ses initiatives responsables sur le front de la pandémie de Covid-19 et contre le dérèglement climatique, est au cœur de cette affaire. C’est dans le ranch de son parc animalier de Phala Phala, au nord de Pretoria, qu’en 2020 une employée a découvert 4 millions de dollars cachés dans plusieurs meubles. Des complices namibiens avaient alors cambriolé les lieux pour s’emparer de la somme.
Plutôt que d’appeler la police, le président Ramaphosa aurait diligenté une enquête de son service de protection pour retrouver les criminels et les astreindre au silence. Mais l’été dernier, un ancien chef des services spéciaux a révélé cet épisode à la police. Le chef de l’État a tenté de s’expliquer sur l’origine de la somme volée – des recettes de l’exploitation de ses terres réservées à la chasse au gibier – et sur sa volonté de cacher les faits, mais sans convaincre.
La question de la probité
Ce qui pose à nouveau la question de la probité au sommet du pouvoir depuis le départ de Nelson Mandela, en 1999. Son successeur, Thabo Mbeki, avait dû se séparer de son vice-président, Jacob Zuma, impliqué dans un méga scandale de corruption lié à un contrat d’armement avec l’industriel français Thales. Ce qui n’avait pas empêché Zuma de se faire élire à l’issue du deuxième mandat de Mbeki. Mais pour se faire rattraper par une autre affaire de conflit d’intérêts avec une famille de millionnaires d’origine indienne, par laquelle l’une des épouses de Zuma et deux de ses enfants ont été recrutés à des postes hautement rémunérés.