Humeur : Qui va porter le bonnet d’âne ?

Ce 16 janvier 2023, en ce début de semaine, le réveil a été brutal pour les Sénégalais. Encore. Un accident tragique s’est produit vers 5 h 30, sur la route Louga – Saint-Louis. À l’origine, une collision entre un car ‘’Ndiaga-Ndiaye’’ appelé communément « Horaire » en provenance de Djikk Fall (arrondissement de Sakal) et un camion. Le chauffeur du car voulait éviter un âne qui traversait la route. Un goût de déjà vu et le  coupable semble être bien trouvé : l’âne.
 
Après tout, l’expression ‘’bonnet d’âne’’ pour désigner un cancre sied si bien à l’animal. Personne ne lui a demandé son avis et personne ne va le défendre.
 
Comme avec cet équidé dont il est si facile de faire porter le chapeau ou plutôt le bonnet, le gouvernement cherche encore des coupables. Les deux premières semaines de cette année resteront tristement dans les annales. Un tableau assombri par des accidents de la circulation. L’État, tel un éternel tailleur, a décidé de prendre des mesures après l’accident de Sikilo. Vingt-deux ont été dégagées lors d’un Conseil interministériel sur la sécurité routière.
 
 Mais cela n’a pas suffi, car les transporteurs n’ont pas tardé à rouler à contresens. Ils veulent tout sauf accepter de porter le chapeau. Les transporteurs ont annoncé, le weekend dernier, une grève illimitée prévue ce 17 janvier. Une manière de protester contre ces décisions. Parmi ces mesures, l’interdiction pour les bus et minibus de circuler entre 23 h et 5 h fait débat. Ils dénoncent «des décisions prises à la hâte et sans concertation avec les différents acteurs». Il fallait situer les responsabilités, après tout. Le gouvernement a confondu vitesse et précipitation.
 
Les chauffeurs obligent ainsi l’État à freiner. Mais l’Association de financement des transports urbains (Aftu) se démarque en ne suivant pas le mouvement de grève déclaré par certains syndicats.
 
Ce qui est sûr est que les transporteurs ne veulent surtout pas payer pour les œufs qu’ils n’ont pas cassés.
 
Qui donc va porter le bonnet d’âne ?
 
Les faits sont là et depuis, on tourne autour de mesures qui ont brillé par leur manque de suivi. Le pays de Senghor a l’art des belles paroles et des belles proses. Mais sur le papier, l’application reste en mode diesel et il n’y a jamais de responsables.
 
Le transport est un domaine transversal. De l’agent de la circulation, en passant par le jeune à la recherche du permis de conduire jusqu’au ‘’coxeur’’, chacun a sa partition à jouer. Même le vendeur de pneus a sa part de responsabilité.
 
Le mal est beaucoup plus profond. Il faudra, d’abord, commencer par situer les responsabilités, en coupant le mal à la racine, en luttant contre la corruption. Oui, elle mérite bien de porter le bonnet d’âne. Tout commence par là. Un tacot qui passe, hop, un billet et on ferme les yeux. Besoin dare-dare d’un permis de conduire ? Un billet et hop, le tour est joué.
 
L’incivisme mérite aussi de porter le bonnet d’âne. Il faut un changement de comportement sur nos routes. Certains chauffeurs n’hésitent pas à rouler à sens inverse, à conduire comme s’ils participaient à une course de F1. Il faut aussi songer à éviter la surcharge dans nos transports en commun. La liste est loin d’être exhaustive.
 
 Une fois que tout cela sera compris, les choses pourront enfin rouler dans le bon sens.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Previous post [Vidéo] Pape Momar Diop, ancien député-maire de Médina est l’invité de Tolluwaay
Next post Klopp ne quittera Liverpool que si on le lui « demande »