[Éditorial] Mimi, comme mission impossible ? (Par Adama NDIAYE)

Aminata Touré a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle de 2024, dimanche dernier, lors d’un entretien accordé à la RFM. Si celle-ci  est officialisée et validée par le Conseil constitutionnel, elle ne sera que la troisième femme à briguer la magistrature Suprême depuis l’accession du Sénégal à l’Indépendance. Ses devancières s’appelaient Amsatou Sow Sidibé et Diouma Dieng Diakhaté. Elles ont obtenu respectivement 0,18% et 0,12% lors de l’élection présidentielle de 2012. Aussi étonnant que cela puisse paraître, l’histoire des femmes avec la présidentielle se résume à ces deux tentatives qui n’ont pas laissé un souvenir marquant aux Sénégalais. Aminata Touré peut-elle briser le plafond de verre ? Première tâche herculéenne dans un pays foncièrement machiste.

Si l’on en juge par ses propres tentatives électorales, le scepticisme s’impose. Sa défaite contre Khalifa Sall lors des locales de 2014, alors qu’elle était la toute puissante Première ministre de Macky Sall, reste le gros point noir de sa carrière.Elle a bien cru pouvoir se racheter, lors des dernières élections législatives de 2021. Mais patatras.   Avec Mimi comme tête de liste,  Benno Bok Yakaar  a obtenu ce qu’on pourrait appeler une victoire à la Pyrrhus : jamais une majorité n’a été aussi étriquée dans l’histoire parlementaire du Sénégal. Précision anecdotique mais en même temps symbolique : Mimi, lors de ce scrutin, avait perdu dans son propre bureau de vote.

Autre handicap  pour la conquête de la Présidence, Aminata Touré est comptable du bilan de Macky Sall. Elle a été Garde des Sceaux ministre de la Justice. Un département où elle a piloté la très controversée Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite (CREI), juridiction d’exception mise en branle  pour condamner Karim Wade. Elle a été cheffe du gouvernement, Envoyée spéciale du chef de l’État et Présidente du Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE). En juin 2021, elle parcourait les villes, villages, terroirs et campagnes du Sénégal pour prêcher la bonne parole présidentielle. Difficile après cela d’incarner la rupture, même si les Sénégalais donnent, parfois, l’impression que les eaux de la SEN’EAU contiennent une certaine dose léthé, tant parfois ils semblent avoir la mémoire courte en politique.

Dès lors, l’opération Mimi 2024 ne sonne pas totalement comme une mission impossible. Elle devra la jouer comme Macky dont elle fut la Directrice de campagne en 2012. Lors de ce scrutin, les Sénégalais avaient élu le candidat le plus comptable du bilan d’Abdoulaye Wade : son ex ministre de l’Intérieur, Premier ministre et Président de l’Assemblée nationale. Autant dire une rupture de façade, et la suite nous l’a bien montré. Donc pourquoi pas Mimi, d’autant plus qu’elle ne manque de panache, de charisme, et d’une certaine aura sur la scène internationale.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Previous post “Je n’ai jamais vu Adji Sarr” : Bougane Gueye se lave à grande eau
Next post Kaolack : pourquoi et comment l’enseignant a été tué de trois coups de gourdin à la tête