Diminution du loyer : Ces préalables que l’État n’a pas pris en compte

Face à la décision du gouvernement sénégalais de réduire le loyer de 15 %, les bailleurs se sont réunis pour procéder au cadrage juridique de la loi, des relations entre bailleurs et locataires.
 
Selon eux, l’État n’a pas pris le temps de faire focus sur le problème que rencontrent les bailleurs et les propriétaires de maisons. « Quand ils ont décidé de faire une réduction, aucun bailleur n’a été informé, les agences aussi. Alors, ils n’ont pas pris le temps de penser aux propriétaires des maisons. Est-ce que cela va aboutir ? », questionne Oumar Diallo, directeur de l’agence Bamtaare.
 
S’il reconnaît que la loi reste la loi et qu’ils sont tenus de la respecter, cela ne se passera pas comme le voudraient les autorités, qui  « auraient dû nous impliquer dans d’élaboration de cette loi. On leur soumettra nos craintes face à cette loi qui n’est pas bien ficelée. Certes, on va l’appliquer, mais ça ne sera pas comme il faut. Il fallait faire focus sur la réduction du prix du ciment et du fer. Et tant qu’il n’y a pas une réduction, sachez que ça sera difficile d’appliquer la réduction sur le loyer. Quand tu veux enregistrer ton terrain, c’est tout un problème. Le barème de Mbour et de Saly est aujourd’hui sur la barre des 2 500 000 jusqu’à 20 000 000 F CFA. Et si tu achètes un terrain d’un montant de 1 million, pour l’enregistrer, ils vont refuser », explique Oumar Diallo.
 
Selon lui, des préalables devaient être pris en compte avant de prendre une telle décision. « Les agences sont souvent confrontées à des problèmes, parce que de ce qu’il s’agit de la loi sur le loyer, l’État du Sénégal n’a rien fait. Par exemple, si une personne te doit un loyer, c’est difficile d’être payé. Si c’est un fonds, ça fera 4, 5, 6 jusqu’à 7 mois et si c’est un référé, cela peut faire 1 à 2 mois. Et si quelqu’un te doit du loyer, il faut lui donner un délai de 30 jours et si vous partez au tribunal, la durée peut augmenter avec les renvois. Après la décision du tribunal, le juge va lui dire (client) qu’il a le droit de faire appel. En plus, le client sait qu’il te doit de l’argent et on lui permet d’interjeter appel. À mon avis, l’appel ne devrait même pas exister. Même si le client fait appel et que tu gagnes, on retourne voir l’huissier. L’huissier aussi a le droit de faire un référé pour retarder le dossier. On devrait faire focus sur ces aspects. Ils n’ont pas pris le temps de faire un focus sur le problème que rencontrent les bailleurs et les propriétaires de maisons. Mais ils font focus sur les locataires. On n’a pas le choix ; on est obligé de respecter le décret, même si ça ne nous arrange pas », déplore Oumar Diallo.
 
Ainsi, d’après lui, la solution est de procéder au lotissement des hectares et de les revendre, car il y a beaucoup de terres au Sénégal.  « Donc, s’ils avaient loti ces terres en y apportant de l’eau et de l’électricité, le prix du loyer allait diminuer. C’est la seule solution. Si on fait autre chose, cela risque de découler sur des difficultés. Il y a  beaucoup de propriétaires de maisons qui ont décidé d’arrêter les travaux de finition de leurs bâtiments, parce qu’ils ne connaissent pas le prix à louer. C’est une grande erreur », déclare M. Diallo.
 
Il précise que si on réduit et que le locataire qui payait 100 000 F CFA sort, le bailleur peut revoir à la hausse le loyer. « Par exemple, s’il payait 100 000 F CFA, il fait deux ans avec une réduction de 15 % (95 000 F CFA). S’il sort, on peut louer à  150 000 F CFA. Dans ce cas, peut-on parler de diminution ? C’est pourquoi ils devaient aviser les gérants d’agence et les bailleurs », a-t-il suggéré.

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