COP 27/ Stand du Sénégal: Réunion de coordination sur l’état d’avancement des négociations

Comme souvent à mi-parcours des conférences mondiales sur le climat, le décalage est grand entre l’urgence climatique, martelée à longueur de discours, et la réalité des avancées.
Après une semaine de négociations, la COP27, qui doit s’achever le 18 novembre à Charm El-Cheikh (Egypte), ne fait pas exception.

Les discussions ont seulement progressé à la marge, déplorent les observateurs, de sorte que les ministres des 196 pays, arrivés cette semaine, vont devoir tenter de débloquer tous les sujets sensibles et surmonter les fortes divisions entre pays du Nord et du Sud.

C’est dans ce cadre que s’est tenue ce mardi la réunion de coordination de la délégation du Sénégal sous la présidence du Ministre Alioune Ndoye où les experts et négociateurs du Sénégal ont tour à tour fait un diagnostic sans complaisance de la situation. Ils déplorent en majorité le fait qu’à quelques jours de la fin de la conférence, les parties peinent encore à trouver un accord sur certains dossiers financiers notamment ceux portant sur le long terme.

Aissatou Diouf de ENDA tire la sonnette d’alarme. « Les négociations entrent dans une phase politique, où les ministres et chefs de délégation entrent en jeu. Sur la question de la finance climatique, l’enjeu principal reste la création d’un mécanisme financier pour les pertes et dommages, » soutient-elle dans sa présentation. Deux positions s’opposent renchérit elle , »les pays en développement (PMA, AGN , G77) réclament l’établissement du mécanisme dès la COP, et de discuter des aspects institutionnels plus tard, au moment où certains pays développés proposent une série de dialogues avant d’arriver à l’établissement de ce mécanisme. »

Selon toujours la négociatrice sénégalaise, « cette COP qui se veut la COP de l’Action, doit fournir les financements adéquats pour faire face aux questions de pertes et dommages. C’est une question de justice climatique et de justice sociale », avise t-elle. Abondant dans le même sens, Pape Lamine Diouf de la Division Changement Climatique au niveau de la Deec a communiqué sur l’atténuation et, revenant sur l’accord de Paris, il se désole du fait que « l’objectif de l’atteinte de 1/5 est difficilement atteignable » .

A l’en croire, même si les CDN sont bien respectées nous allons à une augmentation des températures à 10%. « Il reste donc beaucoup de travail si nous voulons obtenir des résultats significatifs et tangibles dont nous pourrons être fiers. Il faut maintenant changer de vitesse. Il faut vraiment que nous pays en voie de développement que l’on mette en œuvre nos CDN qui est une priorité de développement, et dés
l’année prochaine avoir des mesures d’atténuations urgentes dans les salles », suggère-t-il.

Mme Dibor Sarr de la Deec a axé son intervention sur l’adaptation et s’afflige du fait que même avec l’aide des négociateurs de la finance il n’y a pas d’issus possibles. Elle reconnaît le besoin de proposer des guides lines clairs au CGF pour permettre l’accès aux ressources des pays en développement.

Idy Niang à son tour a soulevé les pertes et dommages alors que Lamine Diatta a abordé l’agriculture, un des rares secteurs dit-il « qui fait l’objet de négociations 4.1 de l’accord de Paris de 2007 à 2009. »

M. Top quant à lui a évoqué le transfert de technologies. Le Deec Baba Dramé soutient que « la question des finances est effectivement un aspect fondamental sur l’évolution du dérèglement climatique ». Un point déterminant qu’il faudrait véritablement prendre en considération.

Le Directeur de l’Environnement et des Établissements Classés résume fondamentalement les échanges en 5 piliers, notamment l’atténuation, l’adaptation, les finances, le transfert de technologies et le renforcement de capacités.

Clôturant cette rencontre importante sur les points phares de la première semaine, le Ministre de l Environnement, du Développement durable et de la Transition écologique à encourager les négociateurs sénégalais et africains dans cette dynamique de parler d’une seule voix mais également d’être tenace.

« Il faut insister pour qu’on termine les négociations à temps car s’ils tirent ces négociations jusqu’à samedi la plupart des dirigeants africains ne seront pas là », exhorte-t-il. Avant d’adresser ses remerciements et félicitations à l’ambassadeur, au Decc ainsi qu’ à toute la délégation sénégalaise.

Pour que ces mots du Ministre ne restent pas vains, il faudrait effectivement beaucoup de ténacité aux négociateurs du Sud car après une semaine de grandes déclarations politiques avec peu d’avancées significatives, la COP 27 entre dans le dur des négociations ces derniers jours.

Toujours est-il qu’au vu de l’évolution de la situation, l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5 semble être sur la sellette.

Fatou-Niang
Depuis Sharm El Sheikh

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