Arrestation violente d’une diplomate sénégalaise : quand Ottawa tente de calmer Dakar
Dans l’affaire de la diplomate violemment interpelée, ce 2 août en banlieue d’Ottawa, le Sénégal déploie sa virulence contre un Canada embarrassé.
« Tabassage », « sauvagerie », « humiliation », « racisme » : les mots employés par les autorités sénégalaises sont crus, après l’arrestation annoncée de la première conseillère de l’ambassade du Sénégal au Canada, le 2 août à son domicile de Gatineau, en banlieue d’Ottawa. Dakar a beau jeu de sortir la Grosse Bertha de son arsenal diplomatique, le gouvernement de Justin Trudeau semblant nettement gêné aux entournures. Le ministère canadien des Affaires étrangères qualifie l’évènement de « tout simplement inacceptable ». Quant à la province du Québec où s’est déroulé l’incident, elle annonçait rapidement l’ouverture d’une procédure du Bureau des enquêtes indépendantes (BEI, la police des polices québécoises) après « une intervention policière qui soulève des questions »…
Violence policière
Même lorsque les forces de l’ordre tentent de se défendre, c’est toujours en alimentant l’impression de violence qui se dégage de l’altercation de mardi. Le Service de police de la Ville de Gatineau (SPVG) affirme que ses éléments ont été confrontés « à une personne agressive et refusant de collaborer », qu’une policière fut « frappée au visage et blessée » et que la diplomate sénégalaise aurait « blessé par morsure un deuxième policier ». Toute chose qui aurait conduit à l’emploi de menottes que dénonce Dakar, évoquant un tabassage « sauvage », au point que la prévenue du jour aurait eu « du mal à respirer », la situation requérant l’appel d’une ambulance. En attendant que les faits soient jaugés, voire jugés, les réseaux sociaux exhalent un parfum délétère de violence policière qui n’est pas sans rappeler la supplication « I can’t breathe » de George Floyd.