AFFAIRE SWEET BEAUTE : Les trois tabous d’Ousmane (Par Babacar Dione)
– A t-il entretenu des rapports sexuels non consentis avec Adji Sarr ?
– Pourquoi refuse-t-il le test ADN ?
C’est parfois avec des questions simples qu’on parvient à trouver des réponses à ce qui semble être un casse-tête pour bon nombre de personnes. L’affaire sweet Beauté n’échappe pas à la règle. Pour ce dossier également, il est nécessaire de revenir sur les faits afin de séparer le bon grain de l’ivraie. Et, sauver ainsi l’opinion de la passion et de la manipulation nées de cette histoire qui tient en haleine tout un pays depuis bientôt deux ans.
Par Babacar DIONE
De quoi s’agit-il ? Ousmane Sonko, leader du parti Pastef, alors député à l’Assemblée nationale, est accusé de viols répétitifs et de menaces de mort par Adji Sarr. Une jeune masseuse dans un salon dénommé Sweet Beauté. (Voir Encadré sur la chronologie des faits).
Passé la surprise liée à la gravité des accusations contre un opposant en ascension, classé 3ème de la Présidentielle de 2019, qui plus est cultivait l’image d’un musulman à cheval sur les préceptes de l’Islam, des interrogations assaillent les Sénégalais:
Qu’est-ce que Ousmane Sonko est allé faire dans le salon de massage ? Y est-il allé de son propre gré ? A t-il entretenu des rapports sexuels forcés avec Adji Sarr ?
Voilà les questions que les Sénégalais se sont posés et continuent encore de se poser. Ce n’était donc une surprise pour personne de voir le doyen des juges interpellé Ousmane Sonko en ces mêmes termes :
Etes-vous allé à Sweet Beauté ? Avez-vous entretenu des rapports sexuels avec la demoiselle Adji Sarr ? Etes-vous prêt à faire un test Adn pour vous blanchir de ces accusations ?
Questions gênantes pour l’accusé qui n’a pas d’ailleurs daigné y répondre. Comme il l’a lui-même confirmé dans une déclaration de presse d’après audition. En plus, d’avoir refusé de se soumettre à des tests ADN sous le prétexte qu’il ne peut donner son «sang à des comploteurs» (sic). Le terme est lâché.
Des comploteurs seraient donc à l’origine de ces accusations de viol ? Au début, c’était le président Macky Sall le principal conspirateur, avant que le curseur ne se déplace, au fil du temps, vers des personnes proches du pouvoir.
Cette hypothèse semble aujourd’hui la principale ligne de défense d’Ousmane Sonko. Au tribunal de la rue ou dans une bataille d’opinion, elle pourrait avoir ses adeptes. Mais, elle a ses limites pour toute personne objective et en quête de vérité. Parce qu’une question, la seule qui vaille d’ailleurs, telle une rengaine, lui sera toujours rabâchée à Ousmane Sonko : êtes-vous allé au salon sweet Beauté de son propre gré ou sous la contrainte ?
La réponse qu’il a lui-même servie, en reconnaissant s’y être rendu volontairement afin de soigner une maladie du dos, balaie la thèse du complot. L’endroit était-il approprié ? Bien sûr que non. Mais, là n’est pas la question.
Pourquoi donc, Ousmane Sonko refuse-t-il de faire des tests ADN pour mettre une bonne fois pour toute un terme à cette affaire. A-t-il quelque chose à se reprocher ?
Le prétexte qu’il ne peut donner son sang à des comploteurs est trop grotesque pour pouvoir prospérer.
S’il s’avère que des personnalités ont joué leur partition dans ce dossier, elles l’ont fait après coup.
Certes pas pour aider une jeune fille en détresse mais, pour profiter d’une occasion pour enfoncer un adversaire.
Que son combat soit légitime ou pas, Ousmane Sonko s’est créé beaucoup d’adversaires qui n’attendent que l’occasion pour lui faire la fête.
Pourquoi donc Me Elhadji Diouf, que les partisans d’Ousmane Sonko ont traqué partout, jusque dans l’enceinte du palais de justice pour l’accuser de violeur, ne saisirait-il pas l’occasion offerte par la plainte d’Adji Sarr pour prendre sa revanche sur le leader de Pastef.
Pourquoi aussi Mamour Diallo, dont le leader de Ousmane Sonko a voulu ternir l’image sur une affaire de foncier estimée à 94 milliards de F Cfa, se priverait-il de soutenir Adji Sarr.
Il est évident qu’aucun d’entre eux n’a indiqué le chemin du salon Sweet Beauté à Ousmane Sonko. C’est lui-même qui y est allé de son propre chef et devrait, par conséquent, assumer toute sa responsabilité dans cette histoire.
C’est seulement en répondant, sans équivoque, aux questions relatives à sa présence ou non au salon Sweet Beauté et tout ce qu’il a pu y faire ou pas qu’il sortira indemne de cette affaire.