Affaire Cheikh Touré : Pape Thiaw envoie Bamba et Momo dans un centre de formation
Lorsqu’enfin apparaît le cercueil porté par ses proches et amis, le silence laisse la place aux pleurs étouffés. Il est 7h40 lorsque la sirène hurlante de la police ouvre la voie au convoi funéraire qui s’ébranle vers la ville de Touba. Après avoir parcouru près de 2 700 km entre le Sénégal et le Ghana à la recherche d’une réussite professionnelle, Cheikh Touré entame ainsi son ultime voyage vers sa demeure éternelle, laissant derrière lui tout un pays meurtri par son histoire tragique, rapporte L’Observateur. Ce moment de deuil collectif fait suite à une attente insoutenable de près de trois semaines pour sa famille.
La veille, samedi vers 20h, l’arrivée de la dépouille au domicile familial à Yeumbeul-Asecna avait suscité un mélange de soulagement et de tristesse, attirant une foule nombreuse venue soutenir les parents du défunt. Depuis, un défilé incessant de parents, de proches et des autorités de la République s’est succédé pour apporter soutien et compassion à la famille du jeune footballeur. Au cœur de ce drame, sa mère, Diodio Sokhna, a trouvé la force de prononcer des mots empreints de résignation et de foi : « Dieu me l’avait donné. Il me l’a repris. Malgré la douleur, je Lui rends grâce. Je remercie tous ceux qui se sont investis pour que mon fils soit enterré ici au Sénégal, à Touba », témoigne-t-elle auprès de L’Observateur.
Dimanche 2 novembre 2025, très tôt, à la mosquée Ndawènes de Yeumbeul, la dépouille, arrivée du Ghana, a été exposée pour le lavage mortuaire. Proches, parents, amis et voisins se sont recueillis, certains accroupis égrenant leur chapelet, d’autres affichant un visage décomposé par la douleur, tandis que les versets du Saint Coran retentissaient depuis les minarets. Un groupe de femmes, la tête voilée, s’est incliné sur la dépouille dans la morgue, marquant l’émotion de cette matinée solennelle.
Bien que leurs noms n’aient pas été prononcés durant la cérémonie, Bamba et Momo, deux jeunes footballeurs rescapés du même réseau criminel qui a coûté la vie à Cheikh Touré, étaient dans toutes les pensées. Khadim Ndiaye (Bamba) et Mamadiang Kâne (Momo) avaient été retenus contre leur gré au Ghana et tentent aujourd’hui de se reconstruire après ce traumatisme. Certains observateurs avaient émis des soupçons sur leur rôle dans cette tragédie, mais pour le député Mohamed Siradiou Souaré, qui a œuvré pour leur retour, « tous ces jeunes sont innocents. Ceux qui sont revenus comme ceux restés là-bas sont des victimes », précise-t-il à L’Observateur.
Conscients du traumatisme subi, les autorités et la communauté footballistique se sont mobilisées. Grâce à l’implication personnelle de Pape Thiaw, sélectionneur de l’équipe nationale A, les deux garçons ont été accueillis au centre de formation de Cheikh Ahmed Tidiane Niang, alias «Al Makhtoum», où ils bénéficient d’un logement, de repas et du suivi d’un psychologue pour surmonter leurs blessures invisibles. Parallèlement, le député Souaré a annoncé que les familles ayant lourdement financé le paiement des rançons recevront un soutien pour apurer leurs dettes, une mesure visant à alléger le fardeau des proches, conclut L’Observateur.
